Entamé en octobre, le tournage de Panique au village, le long métrage d’animation de Stéphane Aubier et Vincent Patar, est entré dans sa dernière phase. Visite de plateau et état des lieux…

A peine a-t-on pénétré dans cet ancien entrepôt que le décor est planté: s’apprêtant à recevoir l’assaut d’une poignée de (mini)-mammouths, un pingouin affichant une trentaine de centimètres sous la toise se dégage sur un arrière-plan de banquise du plus bel effet. Nous sommes à Laeken, au studio Beast Animation, sur l’un des plateaux de Panique au village, le long métrage imaginé dans la foulée de la cultissime série homonyme de Stéphane Aubier et Vincent Patar.

Ayant débuté en octobre, le tournage vit ses dernières journées bruxelloises: d’ici peu, ce sera, coproduction oblige, le déménagement vers Luxembourg, où il se poursuivra pendant deux mois encore. Autant dire que l’effervescence règne parmi l’équipe d’une vingtaine de personnes travaillant au film, aux 8 plans tournés quotidiennement s’ajoutant la perspective de ce prochain redéploiement. Pas une mince affaire, de toute évidence, puisqu’il convient notamment, outre les aléas habituels du déplacement d’une production de cinéma, d’inventorier et classer les innombrables personnages peuplant l’univers des réalisateurs/animateurs.

Panique au village, c’est en effet cette série qui, il y a quelques années, ressuscitait par Cow-Boy, Indien, Cheval et quelques autres interposés, les figurines en plastique des jeux de notre enfance. Non sans adopter un ton sans équivalent – une forme d’humour insensé ayant déjà fait le sel du non moins culte Pic Pic André Shoow, des mêmes auteurs.

50 MILLIONS DE BRIQUES

Succès retentissant et envie d’élargir le spectre aidant, l’éventualité du long métrage se précise bientôt, et réunit la paire Aubier/Patar et leurs coscénaristes habituels, Guillaume Malandrin et Vincent Tavier. « Deux ans ont été nécessaires à l’écriture du scénario, explique ce dernier, par ailleurs, l’un des producteurs du film au sein de La Parti. En termes de narration, c’est complètement différent de la série, un peu comme si on avait demandé à Tex Avery de faire un long métrage. Il fallait transcrire du pur gag dans une aventure ayant un fil rouge.  »

Rassurons les amateurs, la folie de la série n’a pas été sacrifiée pour autant. Ouvertement délirant, le scénario débute lorsque, voulant offrir un barbecue à Cheval pour son anniversaire, Cow-Boy et Indien décident de commander des briques sur Internet. Une fausse man£uvre, et voilà que 50 briques se transforment en 50 millions, une masse détruisant bientôt, et pour cause, la maison de Cheval. Celle-ci à peine reconstruite, ses murs disparaissent mystérieusement. La recherche des auteurs du vol entraînera nos amis dans des aventures tumultueuses qui les conduiront sur la banquise, mais encore en Atlantide. La suite à l’écran, selon l’expression consacrée.

PROPREMENT SOUFFLANT

« Tourner un long métrage requérait aussi une autre organisation, poursuit Vincent Tavier. Pour la série, on produisait un épisode par semaine, avant de repartir à zéro. C’était moins difficile, on récupérait les décors d’une fois à l’autre, par exemple. Pour le long métrage, il arrive qu’un décor nécessite un jour d’installation, alors qu’on ne l’utilisera que pour un plan de dix secondes…  » Une cinquantaine de décors ont ainsi été créés pour le film, tous d’une précision maniaque, qu’il s’agisse de l’intérieur du pingouin, accueillant des savants fous, ou de la salle de bains de Janine. Accessoires faits main et trouvailles du chimiste de service donnent à l’ensemble un tour à la fois magique et ingénieux. Pour compléter le tout, des moules des figurines ont aussi été réalisés. Les personnages, figés dans quelques expressions pour la série, peuvent désormais les multiplier. En sus, bien sûr, des intonations que leur apportent les voix de Benoît Poelvoorde ou Bouli Lanners, parmi d’autres comédiens. « La série était plus primitive, nous en avons enrichi la grammaire. Les décors sont réalisés au cordeau, et le langage est celui du cinéma« , observe le producteur Philippe Kauffmann.

La mise en scène traduit cette évolution: le film introduit par exemple des mouvements de caméra – avec notamment des travellings étonnants. Une gageure, si l’on considère que Panique au village est tourné suivant une méthode artisanale, image par image, avec déplacement des objets et personnages par les animateurs entre chacune d’entre elles pour créer le mouvement. A multiplier par 24 images par seconde, pour une durée totale d’environ 90 minutes!

A en juger par les premières scènes montées, le résultat sera proprement soufflant. Profondeur de champ, densité de l’action, fluidité des mouvements et sens du détail frappent d’emblée, alors que le format – en scope, excusez du peu – fait merveille, allant jusqu’à donner une touche « leonienne » à certains plans. Rendez-vous au printemps 2009 pour se laisser gagner par ce vent de panique…

TEXTE JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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