Le comédien belge -marseillais le temps d’un film (Blanc comme neige)- Olivier Gourmet savoure le bonheur de jouer, d’être, de trouver ses personnages par l’imaginaire… ou une paire de chaussures.

La veste est noire, la Chimay bleue. Olivier Gourmet allie l’utile à l’agréable en promouvant un Blanc comme neige (lire notre critique page 31) où il brille en expert canin, doublé d’un pseudo voyou et d’un frère solidaire des malheurs que connaît son aîné (François Cluzet). Pendant que nous parlons, Sergi Lopez apparaît. Embrassades, joie partagée d’un tournage commun à venir. Mais une fois envolé l’ami espagnol, Gourmet revient à l’essentiel…

Vous aimez les projets singuliers, Blanc comme neige en est un…

Singulier, particulier, oui, cela m’a séduit d’emblée. Parce qu’il était singulier, justement ( rire)! Parce qu’il y avait l’ambition de faire à la fois un film de genre tenant le spectateur en haleine, façon -et dieu sait que je n’aime pas le mot!- cinéma populaire. Et en même temps avec des personnages qui ne sont pas des héros formatés, mais qui conservent dans l’épreuve qu’ils subissent une âme, des réactions concrètes et humaines.

Votre personnage ayant comme on dit un passé (il a fait de la prison, entre autres), avez-vous imaginé celui-ci, recomposé son histoire avant le film?

Au conservatoire de Liège, j’ai appris à faire ce travail toujours utile. On nous conseillait d’écrire la bio du personnage, de chercher quel genre de chaussettes il portait et où il les achetait, où était rangé le sucre dans la cuisine. Car tous ces détails créent une histoire, un vécu inconscient mais qui finit par étoffer et indiciblement faire exister le personnage. C’est trouver les moyens de faire fonctionner votre imaginaire. Après, il y a différentes recettes pour l’imagination. Certains vont boire 2 Rochefort ou 2 Chimay, et leur imaginaire se met à vagabonder. D’autres ont besoin de lire une liste de détails quotidiens comme celle dont je vous parlais… J’ai avec moi le scénario du prochain film que je vais tourner, et un carnet où je note des choses, des questions que je me pose sur le personnage.

Saisir le personnage peut aussi dépendre d’un travail et de détails physiques, non?

Oui. Quand les Dardenne me font jouer un personnage de menuisier, je fais de la menuiserie. Parce que je connais leur forme, je sais qu’ils seront très près des mains, très près des gestes. J’aime aussi aller à la rencontre d’un personnage en allant vivre quelques jours dans l’endroit où il a vécu. Si je dois jouer un homme qui habite à Rouen, je demande de pouvoir y aller 4 ou 5 jours avant, me promener dans les rues, regarder l’architecture, aller boire un verre. Et surtout simplement marcher, en me disant que je suis le personnage. Inévitablement, cela crée quelque chose d’inconscient mais qui apporte un plus. L’endroit où l’on vit nous façonne. Mirwart et Saint-Hubert, ce n’est pas la même mentalité. Pourquoi?

Et les vêtements, ils vous aident aussi?

Quand je vais aux essayages des costumes, et qu’on me demande mon avis, je n’aime pas le donner. C’est au réalisateur à donner au personnage l’allure vestimentaire qu’il souhaite. Par contre, ce qui est important pour moi, ce sont les chaussures! Pour le film que je vais tourner avec Samuel Benchetrit (1), et où je joue un type qui sort de prison et s’improvise réalisateur, le déclic s’est produit quand j’ai essayé des Santiags. La bonne façon de marcher mène au personnage, presque toujours!

(1) Le Gars, coréalisé par Anna Mouglalis et avec aussi José Garcia et donc Sergi Lopez.

Rencontre Louis Danvers

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