Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

CONTRETYPE REÇOIT TROIS PHOTOGRAPHES EN SES MURS. SI LE PROPOS EST ÉCLATÉ, UN CERTAIN REGARD SUR LA BELGIQUE CONSTITUE LA TRAME DE CETTE PROGRAMMATION.

Michael Goldgruber, Kim Zwarts et Sarah Lowie

CONTRETYPE, 4A CITÉ FONTAINAS, À 1060 SAINT-GILLES. DU 15/06 AU 04/09.

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Prêts à bouffer de l’image? Il est grand temps de nouer sa serviette autour du cou, ça va bâfrer. Mieux vaut être bien préparé car les expositions de photographie vont déferler sur Bruxelles à l’occasion du très bon Summer of Photography, sixième édition. Autant ne pas perdre de temps et aller directement dans les bonnes cantines. Parmi celles-ci, on pointera entre autres le triplé proposé par Contretype à la Cité Fontainas. L’événement fait place à un trio de photographes -Michael Goldgruber, Kim Zwarts et Sarah Lowie- qui sont respectivement de nationalité autrichienne, néerlandaise et belge. Entre les trois, peu de convergences, si ce n’est le territoire qui sert de réceptacle à leur travail, la Belgique. Ce qui frappe, c’est justement la multiplication des points de vue sur un même substrat, le foisonnement. A tout « saigneur » tout honneur, Michael Goldgruber (1965) exposera un travail glané dans le cadre d’une résidence à Bruxelles-Contretype en 2015. Au centre de celui-ci, des clichés qui s’interrogent sur notre perception du monde naturel. Goldgruber tranche la nature au scalpel par le biais d’images qui font la peau au mensonge romantique voulant que le paysage reflète le sublime. Le Viennois a fait de la forêt de Soignes la victime de ses déconstructions. Zéro complaisance, Goldgruber met à jour l’arrière-goût d’artificialité drainé par la verdure. Il montre des racines qui n’ont pas d’ailes, des branches mortes qui gisent sur le sol, la verte mousse qui recouvre tout… Il confronte le tout à des portraits de personnes, pris eux aussi à Bruxelles.

Opposition

Passé également par la machine à affûter le regard que constitue une résidence Contretype, en 2014 pour sa part, Kim Zwarts (1955) s’attaque à un monument bruxellois emblématique. Plus exactement, à une partie de celui-ci, le péristyle, espace urbain semi-ouvert, du Palais de Justice de Bruxelles. Il s’est servi de cet élément d’architecture pour s’imposer une contrainte: réaliser une étude sur les différentes manières de créer des compositions dans un endroit unique. Dire que les images de Zwarts emmènent du côté de la totale éclate ou qu’elles arrachent des larmes relèverait du mensonge. Il reste qu’une intéressante sérénité marmoréenne se dégage de l’exercice qui porte le nom de Palais. Le coup de force? Suggérer le mouvement à travers la fixité des 53 compositions -elles ont été réalisées en huit séances de prises de vue, entre août 2014 et juin 2015. Nettement plus excitant est le travail de Sarah Lowie (1994), jeune photographe venue de Charleroi. La ville la plus photogénique de Belgique lui a inspiré Sixmille, comme un écho lointain au 8 Miles d’Eminem, soit un reportage assez remuant sur un gang de rappeurs qui s’est mis définitivement hors système. Arnaques peu reluisantes, galères qui s’enchaînent, alcool, sexe… Une immersion prenante, sans ironie, voyeurisme ni jugement, qui laisse comme deux ronds de flan.

WWW.CONTRETYPE.ORG

MICHEL VERLINDEN

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