Au nom du père

Roi de la joute sanglante, God of War s’attaque à la mythologie nordique et aux relations père-fils. Un vent frais qui contamine LE gameplay…

Longtemps négligé, le thème de la paternité gagne l’âme du jeu vidéo depuis dix ans. L’âge moyen des gamers s’élevait à 35 ans en 2017 et les « dad games » ont donc le vent en poupe ces derniers temps. Dead Rising 2 demandait au joueur de constamment apporter du sérum et des jouets à sa fille en terres zombies tandis que That Dragon, Cancer chroniquait la vie d’un paternel face à son jeune fils rongé par le crabe. Loin de la culpabilité d’un Heavy Rain, le nouvel volet de God of War murit un peu face aux fantasmes puérils d’hyper-puissance des trois épisodes principaux de la saga. Le tout en offrant un rôle paternel à Kratos, son emblématique héros.

Descendant de la race éteinte des beat them all, God of War cultive toujours une ultra-violence spectaculaire. Mais cette brutalité éclaboussant notamment des finish him tout en décapitations et corps déchirés -à mains nues- s’atténue. Après le décès de son épouse, Kratos se retrouve seul avec Atreus, son fils. Le héros, qui a pris des rides et de la barbe, tente de former sa progéniture tout au long de cet épisode aux airs de passage de flambeau. Exit les massacres du panthéon grec des précédents volets de la série: le protagoniste mi-dieu mi-homme s’attaque désormais à la mythologie nordique.

Au nom du père

Family Affair

Hésiter puis finalement ne pas consoler un gamin qui vient de perdre sa mère, protéger ce kid -qui ne suit pas la voie espérée- à contrecoeur: par petites touches, ce God of War nouveau brosse une image paternelle humaine. Le tableau, parfois maladroit, ne se hisse pas à la hauteur d’un The Last of Us, mais l’effort reste louable. Cette métamorphose, qui a nécessité cinq ans de développement (la plus longue pause de la saga), s’accompagne d’une refonte jubilatoire du gameplay. Abandonnant la précédente vue aérienne pour privilégier un plan serré à la troisième personne, la super-production californienne affine en effet ses bastons.

Coups légers ou puissants, esquives et boucliers: la palette offensive et défensive du super-héros interprète une partition connue où se greffent des subtilités. Comme le marteau du Thor de Marvel, la hache de Kratos se jette ainsi dans les airs pour être automatiquement récupérée et affaiblir à distance les trolls, elfes et autres entités scandinaves croisées en route. Ce bestiaire plutôt coriace (même en mode normal) compte en outre des spécimens obligeant le gamer à lâcher son arme blanche pour jouer directement des poings.

Pour distraire, affaiblir ou étourdir la cible, le fils de Kratos joue également de l’arc à flèche. Un artefact à solliciter en plein combat, qui complète habilement les joutes aériennes du jeu. Des passages d’escalade (anecdotiques), des quêtes annexes et des éléments de jeu de rôle densifient enfin God of War, sans le transcender. Nerveuse, sa réalisation visuelle haut de gamme pousse à progresser et à voir le « fils de » grandir, à l’image d’une série qui s’offre un nouveau départ salutaire.

God of War

édité par Sony CE et développé par SIE Santa Monica Studio, âge: 18+, disponible sur PlayStation 4.

8

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