Petit génie maniéré pour les uns, baudruche boboïsante pour les autres, Fleurent-Didier est l’une des sensations françaises 2010. Rencontre.

En début d’année, Arnaud Fleurent-Didier -35 ans, dont 15 de carrière discographique- affolait enfin une certaine presse hexagonale avec La Reproduction, son nouvel album, le premier signé sur une major (Sony). Un grand disque générationnel, ample, ambitieux, chanté dans la langue de Voltaire, et sur lequel il convoque aussi bien les fantômes d’une chanson française racée (Gainsbourg, Vassiliu) que quelques imposantes figures tutélaires portées sur les copieuses orchestrations (Barry, Morricone, Legrand). Y travaillant, le temps d’une poignée de classiques instantanés ( France Culture, notamment), des questions d’héritage et de filiation, avec l’humour acide et la faconde désenchantée qui sont les siens.

A l’écoute de La Reproduction, enregistré seul, minutieusement, à la maison, on imagine parfois difficilement ce que peut donner ta musique sur scène…

Je viens du pop-rock et j’essaie vraiment de retrouver cette dynamique-là en concert. J’ai donc constitué un groupe, hyper sexy, avec 2 filles magnifiques dedans ( sourire). Comme on ne peut pas reproduire les arrangements du disque tels quels, j’ai en quelque sorte refait un autre disque, d’autres versions, d’autres arrangements, qu’on joue en s’accompagnant de plein de claviers parce que j’aime beaucoup ça. Il y a donc un vrai travail de recréation. En un sens, le concert aussi pourrait s’appeler La Reproduction. On tourne autour des grands thèmes du disque, on étire les morceaux, il y a des projections. L’idée n’est pas de trahir les chansons de base mais d’offrir une nouvelle manière de les appréhender. C’est quelque chose de très excitant.

Avec tes références musicales assez rétro, tu te situes comment sur la scène française d’aujourd’hui?

A partir du moment où s’est concrétisée l’envie de travailler le thème de la reproduction sur le disque, je suis aussi parti sur cette idée de reproduire le son que j’ai dans les gènes, dans les veines, c’est-à-dire les sons de basse, les envolées de cordes, les ch£urs, des choses comme ça. Et donc, oui, si un de mes disques évoque la musique des seventies, la décennie où je suis né, c’est bien celui-là. C’est assumé. Mais après je pense qu’on a tous plus ou moins les mêmes influences sur la scène française. Par exemple Bénabar, il doit adorer… je sais pas moi… Lucio Battisti ( rires). Bizarrement, d’une manière générale, les Français dont je me sens le plus proche ce sont ceux qui chantent en anglais, comme Phoenix. Dans la chanson française, depuis La Fossette ( le premier album de Dominique A en 1993, ndlr), je n’ai pas vraiment eu de choc significatif.

Ton disque a beaucoup enthou-siasmé les critiques mais, d’un autre côté, tu as conscience que tu agaces aussi, parfois profondément?

Oui, c’est très tranché. Et ça m’ennuie. On me reproche d’être bobo: eh bien, oui, sans doute, je suis bobo. On trouve que ce que je fais est trop parisien: je vis à Paris, je vais au Quick Place Clichy. Qu’est-ce que ça veut dire? l

u Arnaud

Fleurent-Didier, La Reproduction, Sony. Le 11/05 au Cirque Royal. Egalement le 11/07, aux Ardentes, Liège.

Nicolas Clément

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