Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

20.20LA UNE DOCUMENTAIRE zzzzz

D’ ISABELLE CLARKE ET DANIEL COSTELLE.

Réalité, fiction. Fiction, réalité. A chaque plan numérisé, l’effet de miroir suinte des parois poreuses de l’Histoire. La haute définition, piquée d’une saisissante colorisation et d’un mixage en 5.1, nourrit le doute, mais par l’absurde: la qualité inouïe des images imprime souvent l’idée d’un long métrage contemporain, à l’esthétique volontairement vieillie. Il n’en est rien. Tout est authentique, minutieux, fouillé, d’époque. C’est la Seconde Guerre mondiale comme on ne l’a probablement jamais encore vécue sur un écran. L’apocalypse au sens étymologique: la révélation.

Dans les replis poussiéreux des cinémathèques nationales, l’historien Daniel Costelle et son équipe ont puisé des milliers d’images inédites. Puis ils s’y sont cramponnés « comme des morpions », pour le paraphraser. Les commentaires, dits par Mathieu Kassovitz, sont des légendes: ils illustrent les images. Pas l’inverse. Bien vu.

Apocalypse est une somme. Un tour de force. Celui d’insuffler de la vie à la Seconde Guerre, sans entrer dans « la tarte à la crème du devoir d’histoire » récité scolairement. Car s’ils conservent la progression chronologique des événements, Isabelle Clarke et Daniel Costelle éclatent le récit, multiplient les points de vue, front par front, souffrance par souffrance. Conséquence: quand Kassovitz laisse en l’état une histoire parmi l’Histoire, on en redemande. Un suspense de série américaine, où les Jack Bauer seraient des millions d’hommes partis, sourire aux lèvres, peur au ventre, se faire hacher menu dans les plaines et plateaux d’Europe. Un suspense de jeux vidéo aussi, où l’on suit les bombardiers Stuka fondre sur les chars. Fascination morbide pour la guerre, pour l’héroïsme des soldats martyrs? Costelle s’en défend: « La seule chose que j’exalte dans le film, c’est l’héroïsme anglais. Mais uniquement celui des gens. Pas des militaires. »

L’ALLIé FIDèLE DES PROFS D’HISTOIRE

Près de trois heures d’images inédites contournent l’écueil du déjà-vu: la richesse du film vit dans ses détails du quotidien en temps de guerre, dans ses images parallèles aux airs de bonbonnes de vérité: comme ces mioches, qui testent leurs masques à gaz durant les prémices du conflit… Justement, le public visé ici est un public plus jeune. Pari tenu: Apocalypse deviendra sans nul doute l’allié fidèle des professeurs d’histoire. Qui pourront plaquer des visages sur les Goering, Himmler, Churchill et autre Pétain. « On a voulu casser la baraque », lançait en juillet le producteur du film, Louis Vaudeville. Succès. Parce qu’au bout du compte, ce qu’on se dit, c’est: « Diable, ça c’est vraiment passé! »

Guy Verstraeten

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