Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

LA PÉTARADANTE SÉRIE TIRE SA RÉVÉRENCE. EN LAISSANT DERRIÈRE ELLE UNE GROSSE TRAÎNÉE DE POUDRE, UN PAQUET DE CADAVRES, MAIS DE GRANDS MOMENTS AUSSI.

Sons of Anarchy – saison 7

UNE SÉRIE FX CRÉÉE PAR KURT SUTTER. AVEC CHARLIE HUNNAM, KATEY SAGAL, DREA DE MATTEO. DIST: FOX.

7

On a beaucoup moqué Game of Thrones pour son goût sacrément prononcé du dépeçage, découpage et autre étripage de manants, diverses parodies sur la Toile se faisant le plaisir de compiler ces cadavres plus cruellement trucidés les uns que les autres. Mais à ce petit jeu, Sons of Anarchy n’a personne à craindre. Le turbulent Kurt Sutter, son créateur, s’en est en effet donné à coeur joie dans les tortures diverses, massacres variés et fusillades en tout genre où s’empilent -littéralement dans l’une des scènes de cette saison finale- les corps comme des Lego. Ce n’est pas rendre grâce à la série que d’évoquer uniquement cet aspect. Mais avouons qu’au fil des saisons, toute la trame shakespearienne, voire oedipienne, des débuts s’est étiolée au profit d’une série d’action musclée, trop musclée, au point d’en perdre un peu sa crédibilité. Difficile d’imaginer qu’une petite ville californienne fictive comme Charming, où évoluent les bikers du Sons of Anarchy Motocycle Club Redwood Original -SAMCRO pour les intimes- puisse abriter autant de macchabées dans ses entrailles sans que cela n’émeuve plus que cela les autorités. Overdose.

Mais le paradoxe, c’est qu’il a toujours été difficile de lâcher les Sons en chemin: malgré la surenchère, Sutter et ses auteurs sont toujours parvenus à maintenir une tension, à créer des enjeux suffisants pour nous garder à bord. En confrontant son héros, le motard blondinet Jax Teller, aux menaces éternelles qui planent sur son club. Mais également à un combat intérieur plus vigoureux encore: la fidélité à SAMCRO ou la route pour la rédemption? On notera, à ce titre, que la disparition progressive, puis définitive de son beau-père Clay Morrow (joué par cette étrange « gueule » de cinéma qu’est Ron Perlman), marquera un tournant probablement décisif dans la série et dans sa perte de subtilité: sans rapport au (beau-)père, Jax va s’engager dans une fuite en avant que cette septième saison consacre pleinement. Privé de filtres -attention spoiler- depuis l’assassinat de sa femme, Jax va solder les comptes. Dans un déchaînement de violence.

Si cette dernière saison confirme clairement le déclin d’inspiration de la série, elle ne clôt pas moins l’une des plus grandes sagas de ce début de XXIe siècle. Pour sa galerie de personnages forcément de plus en plus incarnés au fil du temps, pour son audace des débuts, pour son punch, pour le rapport au pouvoir, à la légalité, à la marge, aux conflits raciaux, Sons of Anarchy aura quelque part marqué son temps. Kurt Sutter, l’une des plumes de l’impeccable The Shield, s’en explique un peu dans les épais bonus de ce coffret DVD, où l’on croise également la vraie voix de Charlie « Jax Teller » Hunnam -nettement moins virile que sur sa moto-, les secrets de fabrication des fusillades et surtout l’émotion du départ pour la famille Sons of Anarchy. Sept ans, c’est long…

GUY VERSTRAETEN

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