Alain Delon – Ange et voyou

Delon en large. Plus de 400 pages d’une biographie fournie, partiellement affranchie des complaisances coupables auxquelles les thuriféraires de la star n’ont jamais cessé de sacrifier. Car il y a Delon la légende, composée puis entretenue par lui-même. Le Delon qui parle de lui à la troisième personne comme s’il était un autre. Parce qu’il est un autre, au fond, peut-être? L’acteur est magnétique, d’une folle présence devant la caméra, d’une singulière beauté dans ses jeunes années mais aussi riche d’un talent dont Visconti d’abord, Melville et Clément ensuite tireront un fabuleux parti. Vincent Quivy en témoigne dans son livre, mais préfère une riche palette d’anecdotes où l’homme apparaît derrière le mythe, avec ses inévitables contradictions. Le titre annonce la couleur d’un ouvrage qui fera la part belle aux relations du comédien avec certains milieux (dont celui de la boxe), avec le « milieu » tout court, aussi. La fameuse affaire Markovic -du nom d’un ex-garde du corps de Delon retrouvé assassiné en 1968- est bien sûr abordée, avec d’autres épisodes faisant apparaître le versant sulfureux de sa trajectoire. Dès le début du bouquin, les divergences entre la légende et la réalité se font jour. Le père du futur acteur a tenu un cinéma où sa mère était ouvreuse, et rêvait de devenir acteur avant d’évoluer avec succès dans la charcuterie. Pas vraiment synchro avec l’autoportrait de Delon en gamin pauvre et malheureux, s’extrayant d’un milieu n’ayant aucun rapport avec le cinéma… D’autres exemples abondent, dans un livre pour lequel nombre d’archives furent passées au crible, et dont la lecture propose une image critique, voire très critique. Sans faire perdre l’envie de revoir et de revoir encore Rocco et ses frères, Le Samouraï ou Plein soleil!

De Vincent Quivy, éditions du Seuil, 416 pages.

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