Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Le 12 janvier, la Motown fêtera ses cinquante ans. Retour sur une usine à hits qui aura changé la face de la musique populaire.

La plus grosse machine à tubes de l’histoire de la pop célèbre ses cinquante ans! Même si la Motown a aujourd’hui perdu de son éclat, ce n’est pas rien. En fait, pendant son heure de gloire, le label a sorti tant de tubes qu’on ne les a toujours pas tous digérés. La maison de disques, aujourd’hui reprise sous l’égide d’Universal, n’hésite d’ailleurs pas à exploiter ce patrimoine à tout va. Mais encore une fois, pourquoi se priver? Ces jours-ci sort ainsi un coffret regroupant les deux cents (200!) numéros un collectionnés par la Motown. Qui dit mieux?

Les faits sont connus. C’est une « histoire américaine » presque classique, un conte comme l’Oncle Sam en raffole. Tout commence le 12 janvier 1959, quand Berry Gordy fonde son label, injectant 800 dollars dans l’affaire. Jusque-là, Gordy s’est notamment fait connaître en cosignant Reet Petite, de Jackie Wilson. Mais il se rend compte qu’en produisant et publiant lui-même la musique, il gagnera davantage d’argent.

Il habite Detroit. En baptisant sa maison de disques Motown, il reprend ainsi le surnom de la cité de l’automobile. Mais il ne fera pas que repiquer le nom. Très vite, il s’échinera à appliquer les mêmes méthodes fordistes de production à son label. En fait, Gordy a une idée précise en tête: à partir du r’n’b noir, il entend produire une musique qui soit assez pop pour plaire à la masse blanche. Et cela marche. Les Supremes, Martha & the Vandellas, Temptations, Marvin Gaye, Smokey Robinson, Stevie Wonder, Jackson Five… L’ancien studio photo qui sert de bureau et de studio d’enregistrement est rapidement rebaptisé Hitsville USA. Un mantra est transmis à chaque nouveau venu dans l’équipe: Kiss, pour Keep it simple, stupid. Chaque vendredi matin, Gordy rassemble ainsi ses troupes pour des réunions de  » contrôle qualité« , histoire de vérifier que le prochain 45 tours Motown corresponde bien aux critères maison. Exemple: la chanson doit pouvoir s’enchaîner le plus harmonieusement possible au top 5 des singles de la semaine. Et tant pis si cela retarde l’explosion de tubes comme I Heard It Through The Grapevine, dont la version de Marvin Gaye sera d’abord mise au rancard… Comme quoi, le patron n’a pas toujours raison.

Laurent Hoebrechts

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