LOIN DU NON-RESPECT RÉCURRENT DES DEADLINES DU JEU VIDÉO MAINSTREAM, LES GAME JAMS IMPOSENT UNE CONTRAINTE DE TEMPS DRASTIQUE À LEURS PARTICIPANTS. UN PHÉNOMÈNE EN PLEIN BOOM, COMME EN TÉMOIGNE LA LUDUM DARE 28.

Vite fait, bien fait. Travailler sous la pression est devenu une habitude pour les participants de la Ludum Dare. Cette game jam (voir encadré) organisée trois fois par an donne en effet 48 heures (parfois 72) à des créateurs pour développer un jeu vidéo sur un thème donné. « Aléatoire », « Infection », « 10 secondes », « Vous êtes le méchant (avec une chèvre en option) »: les mots-clefs imposés depuis la naissance (en 2002) de ce concours sans prix ont révélé de nombreux talents. Le père de Minecraft s’y est ainsi distingué à sept reprises. Y compris cette fois-ci. Sans oublier Tyler Glaiel, le créateur de Closure, platformer utilisant le noir et blanc avec intelligence.

« Vous n’en avez qu’un« : le thème de cette 28e éditiona excité l’imaginaire des créateurs puisque 2000 titres ont été soumis au vote du public sur le site de l’organisation le mois dernier. Gratuites et ne pesant qu’une poignée de Mo, ces micro-productions évitent l’artifice de la technique pour se concentrer sur le fond. Gameplay, histoire et/ou respect du thème imposé sont donc les points essentiels qui ont permis à One Take (voir chronique page 47), de remporter le grand prix de cette cuvée.

Monochrome d’Apoorvaj, le lauréat de la catégorie « Humeur » raconte, lui, à la manière d’un Jason Rohrer l’attachement d’un vieil homme pour son épouse décédée en décolorisant progressivement les objets qui l’entourent. D’autres projets comme le Doubt de rxi prennent une tournure plus onirique en livrant une errance labyrinthique en vue de profil. Poursuivi par un chat, ce faux platformer a été récompensé pour ses visuels en pixel art élégants et filiformes.

Le Père Noël est une ordure

Comme ses congénères, ce titre aux visuels proches de Sword & Sworcery ne se profile toutefois pas comme un « vrai » jeu vidéo. Mais plutôt comme un concept de départ sujet à des développements ultérieurs. De nombreux projets ont ainsi poursuivi leur vie après leur participation à cet événement de « développement de jeu vidéo accéléré ». Les récentes sorties indé douées comme Gods Will Be Watching (voir notre chronique dans le précédent Focus), Evoland et Papers, Please (voir chronique page 47) en témoignent.

« You only get one », thème imposé de cette 28e édition des Ludum Dare (organisée à la fin de l’année dernière), n’a en outre pas été le seul facteur influençant les codeurs artistes en lice. Les fêtes de fin d’année se sont ainsi invitées avec humour dans Senile Santa, cute kids & ruthless Rudolph de Pol Clarissou. Objectif: se glisser dans la peau du Père Noël pour offrir un cadeau à un kid à choisir parmi quatre. Au joueur ensuite de protéger ce dernier des coups de poings des autres enfants avec Rudolph, un renne boxeur…

Loin d’être un rendez-vous pour débutants, les Ludum Dare ont aussi récompensé Markus Persson pour son Last Chance Supermarket dans la catégorie « Fun ».Huit poêlons, trois guirlandes électriques, six imprimantes… Ce jeu d’arcade vu en mode FPS demande d’attraper convulsivement des objets dans les rayons chaotiques d’un supermarché en martelant la barre espace du clavier. Le tout en évitant d’autres clients, tous emmenés dans une folle course aux cadeaux. En cas de collision, la mort est au rendez-vous. Les rires aussi.

TEXTE Michi-Hiro Tamaï

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