DECONSTRUCTING WOODY. SUJET DE A DOCUMENTARY, GUEST-STAR DE PARIS-MANHATTAN ET RÉALISATEUR/ACTEUR DE TO ROME WITH LOVE: TROIS FILMS POUR RETROUVER WOODY ALLEN DANS TOUS SES ÉTATS.

1. DE ROBERT B. WEIDE. 3 H 05. DIST: IMAGINE. – 2. DE SOPHIE LELLOUCHE. AVEC ALICE TAGLIONI, PATRICK BRUEL, LOUIS-DO DE LENCQUESAING. 1 H 15. DIST: IMAGES & VISIONS. – 3. DE ET AVEC WOODY ALLEN. AVEC JUDY DAVIS, PENÉLOPE CRUZ, JESSE EISENBERG. 1 H 50. DIST: IMAGES & VISIONS.

Robert Weide l’observe d’entrée de jeu dans le large documentaire qu’il consacre au réalisateur de Annie Hall: il n’y a pas un, mais plusieurs Woody Allen, constat dont l’actualité DVD du moment se fait joliment l’écho, puisqu’il y apparaît dans tous ses états, ou peu s’en faut. Tentative de portrait de l’homme comme de l’artiste, A Documentary adopte une approche classique, s’appuyant sur de nombreux témoignages, archives et interviews de l’intéressé pour retracer la chronologie allénienne, des débuts -ses parents rêvaient qu’il devienne pharmacien- à la sortie de Midnight in Paris, son plus grand succès commercial.

L’entreprise est passionnante qui dévide les étapes d’une carrière entamée précocement comme gagman, pour décoller ensuite sur les planches d’un club du Village, The Bitter End. Un cadre où Woody sera rattrapé par le cinéma, écrivant le scénario de What’s New Pussycat au milieu des années 60, avant de connaître le parcours d’auteur que l’on sait, abondamment commenté par le film de Weide. Chemin faisant, et alors qu’on l’accompagne du Brooklyn de son enfance aux marches du Festival de Cannes, Woody Allen se confie, évoquant notamment sa découverte de Bergman -inspiration déterminante aux côtés de Bob Hope et Groucho Marx- à la faveur de Monika, revenant sur sa passion de la musique et de la clarinette, ou constatant, avec d’autres, sa capacité exceptionnelle à « compartimenter » sa vie. Soit un document fouillé, augmenté des réponses de Mr Allen à douze questions insolites -un petit concentré de bonheur.

Le réalisateur new-yorkais prête par ailleurs son concours à Paris-Manhattan, comédie romantique mettant en scène une jeune pharmacienne (Alice Taglioni) qui, à défaut du grand amour, a trouvé refuge dans un cocon où elle s’entretient de ses états d’âme avec l’auteur de Manhattan par dialogues de ses films interposés. Moment où sa rencontre avec Victor (Patrick Bruel), un installateur de systèmes d’alarme, va venir sensiblement modifier la donne. On devine la suite, qui ne s’écarte guère de chemins bien balisés; la présence de Woody Allen vient toutefois donner au premier film de Sophie Lellouche un surcroît de saveur, le cinéaste y allant même d’un caméo enjoué achevant de rendre l’ensemble tout ce qu’il y a de plus fréquentable. Enfin, To Rome with Love, la livraison annuelle du réalisateur, nous emmène dans la ville éternelle, nouvelle étape d’un tour d’Europe s’étant auparavant arrêté, avec un inégal bonheur, à Londres, Barcelone et Paris. Si Woody n’a guère forcé son talent pour le coup, l’hommage coloré à Rome n’en est pas moins charmant, qui prend la forme d’une comédie polyphonique d’une légèreté assumée, où papillonnent les Alec Baldwin, Penélope Cruz, Jesse Eisenberg, Judy Davis et autre Ellen Page pour ne citer qu’eux. On a connu moins agréable compagnie de vacances, assurément…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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