1. DE JOHN CASSAVETES. AVEC GENA ROWLANDS, PETER FALK, MATTHEW CASSEL. 1974. 2 H 27. ED: TF1 VIDEO. DIST: BELGA. ECLAT DE CASSAVETES – CINÉASTE INDÉPENDANT, JOHN CASSAVETES A CONSTRUIT UNE OUVRE MAJEURE. DÉMONSTRATION À TRAVERS 3 FILMS INCONTOURNABLES DES ANNÉES 70.

2. DE JOHN CASSAVETES. AVEC BEN GAZZARA, TIMOTHY AGOGLIA CAREY, SEYMOUR CASSEL. 1976. 2 H 15. ED: TF1 VIDEO. DIST : BELGA.

3. DE JOHN CASSAVETES. AVEC GENA ROWLANDS, BEN GAZZARA, JOAN BLONDELL. 1978. 2 H 18. ED: TF1 VIDEO. DIST: BELGA.

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Au même titre que Maurice Pialat, John Cassavetes reste l’un des réalisateurs auxquels se réfère chaque nouvelle génération de cinéastes. Et pour cause, tant l’auteur new-yorkais sut amener le cinéma indépendant américain en des terrains vierges autant que féconds -démonstration éclatante avec la sortie bienvenue de 3 de ses films majeurs des années 70 en DVD.

Avec A Woman Under the Influence (1974), Cassavetes signe un saisissant portrait de femme, débordant sur celui d’un couple à la ligne de flottaison incertaine. Cette femme, c’est Mabel (Gena Rowlands, compagne et inspiratrice du réalisateur), une mère de famille dont la fragilité explose après que son mari, Nick (Peter Falk), lui a annoncé, une fois encore, être retenu par son travail sur un chantier. Et Mabel de larguer les amarres d’une folie douce qui provoquera rejet et incompréhension. Transcendé par Gena Rowlands, touchante et insupportable à la fois, et qui vampirise littéralement l’écran de sa névrose, Une femme sous influence reste une expérience suffocante. Le poids des contraintes sociales y est évoqué avec une force rare, Cassavetes prenant la vie et les sentiments à bras le corps, pour livrer un film bouleversant comme inconfortable.

Métaphore limpide

Réalisé 2 ans plus tard, Meurtre d’un bookmaker chinois a, pour sa part, l’apparence d’un film noir. On y découvre Cosmo Vittelli (Ben Gazzara), le patron d’un florissant club de strip-tease de Los Angeles, qu’une dette de jeu contractée auprès de la Mafia contraint à exécuter un puissant truand chinois… La trame est simple, elle offre à Cassavetes l’occasion d’une peinture inédite du monde de la nuit, alors que s’y dévide l’existence d’un homme se débattant face aux conventions et au poids du destin. C’est là aussi le combat d’un individu pour préserver son rêve, en une métaphore limpide de la condition de metteur en scène indépendant. Si bien que Meurtre d’un bookmaker chinois apparaît, à certains égards, comme le film le plus personnel de son auteur (on y verra aussi une inspiration manifeste du Tournée de Mathieu Amalric).

Enfin, Opening Night est un nouveau portrait de femme, celui de Myrtle Gordon (Gena Rowlands), actrice de théâtre vieillissante, qu’une nouvelle production et la mort d’une jeune admiratrice confrontent à ses angoisses intimes -jusqu’à bientôt se perdre dans un espace aux contours incertains. Rowlands trouve là un rôle emblématique, Cassavetes célébrant pour sa part l’art des acteurs, non sans happer le spectateur au c£ur même du tourbillon qui semble emporter sa comédienne. Jamais, sans doute, théâtre, cinéma et vie n’ont semblé aussi inextricablement emmêlés que dans ce film stupéfiant. Une réussite majeure.

Soignées, ces éditions bénéficient d’une présentation de Patrick Brion, et des analyses de différents réalisateurs français. Meurtre d’un bookmaker chinois propose en outre une passionnante interview de Cassavetes, réalisée en 1978 à Berlin par Michel Ciment et Michael Henry Wilson, de même que des entretiens croisés avec Ben Gazzara et le producteur Al Ruban. Ce dernier rappelle notamment combien le cinéma de Cassavetes était différent: « On peut s’y intéresser sans nécessairement l’aimer, mais il faut le voir. » Pour en être imprégné de manière indélébile…

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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