» On est ce qu’on mange! Et il n’y a pas plus sexuel que filmer des gens qui mangent! Quand on voit Jérémie (Ndlr: Renier) qui dévore dans Nue propriété, comme s’il fallait combler un manque… La gastronomie est quelque chose qui me plaît de plus en plus. Avec François Pirot, mon coscénariste, on en rigole parfois. Quand on a fait Nue propriété, nous sortions pour la première fois du chômage, nous avions – pour la première fois – un peu d’argent. Et quand nous avions bien travaillé, nous allions bien manger. Ma manière de manger a changé. Et du coup, ma manière de filmer des gens qui mangent a changé également. Avant, je me gavais! Quand je vois Kris (Ndlr: Cuppens) manger dans Folie privée, il bouffe, il est vorace, comme Jérémiedans Nue propriété. Dans Elève libre, ce n’est pas la manière de manger qui est dégueulasse, c’est ce qu’ils mangent qui l’est (rire) ! Un mot sur Pialat, qui est un cinéaste pour lequel j’ai une profonde affection. Un cinéaste qui ne cherchait pas à séduire les spectateurs, et qui en avait pourtant beaucoup. Alors qu’aujourd’hui, ce serait impossible pour un réalisateur avec la même exigence de connaître un vrai succès. Pourrait-on aujourd’hui faire deux millions d’entrées avec un film qui secoue le spectateur, qui ne le caresse pas dans le sens du poil?… J’adore ce film, Loulou. Je revois Depardieu, dont on ne se rend pas compte à quel point il a donné au cinéma, à quel point il a été généreux! Je trouve cet acteur magnifique… Et il y a aussi Isabelle (Ndlr: Huppert) , avec qui j’ai travaillé sur Nue propriété. J’ai été très heureux de lui annoncer que j’étais devenu papa (Ndlr: il ya quelques semaines à peine). Parce que je pense qu’elle n’y est pas pour rien… A la fin de Nue propriété, il y a cette scène où un des fils dit que sa mère est une pute, et où son père l’empoigne et lui réplique: « Ta mère n’est pas une pute! On a juste essayé et ça n’a pas marché…  » A la fin du tournage, je me suis dit que c’était à mon tour de prendre le risque que cela ne marche pas, mais qu’au moins j’aurais essayé… Et à mon fils, quoi qu’il puisse se passer, je pourrai dire: « C’est ta mère que j’ai choisie, et c’est pour ça que tu es là ».

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