Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

OSSANG POUR CENT – UN COFFRET BIEN CONÇU RAMÈNE DANS LA LUMIÈRE LE CINÉMA RADICAL, POLITIQUE, PUNK ET RISQUÉ D’UN DES PLUS SINGULIERS CINÉASTES FRANÇAIS.

1 DE F.J. OSSANG. AVEC LIONEL TUA, GINA LOLA BENZINA, PHILIPPE SFEZ. 1 H 21. DIST: TWIN PICS.

2 DE F.J. OSSANG. AVEC SERGE AVÉDIKIAN, STÉPHANE FERRARA, MICHEL ALBERTINI. 1 H 49. DIST: TWIN PICS.

3 DE F.J. OSSANG. AVEC FÉODOR ATKINE, STÉPHANE FERRARA, JOE STRUMMER. 1 H 37. DIST: TWIN PICS.

Poursuivant un précieux travail de cinéphilie bien comprise, Potemkine et Agnès B. éditent un beau coffret réunissant l’essentiel de l’£uvre de F.J. Ossang. Trois longs métrages et 2 courts, tournés entre 1982 et 1997 par un des cinéastes les plus singuliers jamais apparus dans le paysage cinématographique français. Poète, musicien, réalisateur, c’est sous pseudonyme que ce natif du Cantal, ayant grandi à Toulouse, choisit de s’exprimer. « Ossang » vient d’une phrase de la Bible:  » Je solidifierai mon sang, j’en ferai de l’os« , laquelle apparaît dans son premier ouvrage publié en 1977, De la destruction pure. La poésie rageuse, habitée, du jeune auteur s’habillera très vite d’accords de guitare « noisy » ( voir notre encadré), s’inscrivant avec fièvre dans la mouvance « no future » venue de Londres et appelant l’anarchie bien au-delà du Royaume-Uni.

Monté à Paris étudier le cinéma à l’IDHEC, F.J. Ossang signera en 1982 un film de fin d’études percutant. La Dernière énigme prend les allures d’un pamphlet situationniste gonflé aux amphétamines d’un riff punk. Zona Inquinata suivra de près, confirmant le ton véhément, prêcheur de destruction, épousant le romantisme révolutionnaire et sanglant de certains terroristes allemands, d’un cinéaste adepte du montage choc à la Eisenstein. Mais c’est avec son premier long métrage, L’Affaire des divisions Morituri, qu’Ossang se révèlera pleinement. Imaginant des combats de gladiateurs s’affrontant dans des arènes souterraines tandis qu’à la surface, une société bourgeoise corrompue s’achemine vers sa fin, le cinéaste convoque Michel Debord et David Lynch, sur fond de musique post-punk industriel et avec un sens inouï de l’image travaillée. Il restera fidèle au noir et blanc (cette fois magnifié par le chef opérateur Darius Khondji) pour narrer dans Le Trésor des îles chiennes une expédition hasardeuse dans un monde post-atomique. Un univers où une énergie inépuisable nourrit les fantasmes de survivants parmi lesquels on reconnaît le boxeur Stéphane Ferrara -il joua aussi pour Godard-, l’acteur fétiche d’Ossang Lionel Tua, et un tout jeune Clovis Cornillac. Un film visionnaire, aux limites de l’expérimental, oscillant entre polar organique et proclamation grandiloquente. Cette dernière tentation nuisant au troisième long métrage, Docteur Chance, où Ossang atteint les limites d’une approche ayant dépassé son point d’urgence… l

LOUIS DANVERS

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