Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

mais Que fait la police? – Le polar a décidément la cote chez les réalisateurs français. Mais n’est pas Jean-Pierre Melville (ou Alain Corneau) qui veut. La preuve par 3.

1 De Nicolas Boukhrief. Avec Cécile de France, Fred Testot, Julien Boisselier. 1 h 46. Dist: Belga.

2 De Richard Berry. Avec Jean Reno, Kad Merad, Jean-Pierre Darroussin. 1 h 57. Dist: Belga.

3 De Grégoire Vigneron. Avec Benoît Magimel, François-Xavier Demaison, Julie Gayet. 1 h 32. Dist: Twin Pics.

Le formidable Jean-Pierre Melville ( Le Samouraï, Le Doulos, Le Deuxième souffle, Le Cercle rouge), bien sûr, mais aussi Jacques Becker ( Touchez pas au grisbi), Jean-Pierre Mocky ( L’Albatros, Un linceul n’a pas de poche), Alain Corneau ( Série noire, Le Choix des armes, Police Python 357) et plus récemment Xavier Beauvois ( Le Petit lieutenant) et Jean-François Richet ( Mesrine) ont notablement illustré la tendance polar du cinéma français. Le genre n’a jamais manqué d’être travaillé par les réalisateurs frenchies, du domaine commercial prisé par Henri Verneuil aux recherches avant-gardistes d’un Jean-Luc Godard. On a même vu un ancien flic se reconvertir en cinéaste, Olivier Marchal devenant une des personnalités marquantes du néo-polar (très) noir avec des films comme Gangsters, 36 quai des Orfèvres et MR 73.

Les hasards de la distribution Blu-ray et DVD nous permettent de jauger 3 manifestations récentes de cette tendance lourde. Et de constater que quantité ne rime pas forcément avec qualité… Le ratage flagrant de Sans laisser de traces est éclairant, qui voit un jeune réalisateur ambitieux manquer sa cible malgré la présence d’un duo d’interprètes de talent et d’un sujet prometteur. Benoît Magimel joue Etienne, bientôt quadragénaire et sur le point d’accéder à la présidence de la société dans laquelle il travaille. Mais sa conscience subit le poids d’une faute passée (il a détourné l’invention d’un chercheur et ainsi lancé sa carrière tout en ruinant celle de sa victime), et il veut la soulager. Un ami de jeunesse (François-Xavier Demaison) l’accompagne chez l’homme, où les choses se passent mal, au point d’entraîner une mort violente. Comment, à partir de là, l’existence d’Etienne va se transformer en descente aux enfers, Sans laisser de traces le narre trop mollement, et avec une crédibilité voisine de zéro. Julie Gayet, en épouse de plus en plus suspicieuse, signe une prestation remarquable, mais c’est peu en regard des défauts du script et de la réalisation.

Sang pour sang

Plus intéressant, même si pas totalement réussi, L’Immortel de Richard Berry (qui y tient aussi un rôle) nous emmène dans les pas d’un caïd du « milieu » marseillais. Jean Reno, comme souvent peu expressif, incarne cet homme qu’une fusillade (une exécution, plutôt) laisse criblé de balles, mais qui survit et se remet comme par miracle. Le sang appelant le sang, le film multiplie les séquences violentes, cruelles, voire carrément sadiques, ce qui devrait réserver sa vision à des yeux avertis… Le meilleur film des 3 est sans conteste Gardiens de l’ordre. Nicolas Boukhrief ( Le Convoyeur, Cortex) y confirme son sens du genre dans le récit des démêlés de 2 gardiens de la paix accusés à tort de bavure, et qui -lâchés par leur hiérarchie- mènent eux-mêmes et clandestinement l’enquête qui pourrait les disculper. Face à une Cécile de France comme toujours épatante, on a la (bonne) surprise de découvrir l’inattendu registre de Fred Testot, connu pour ses sketches avec Omar Sy dans le tandem comique Omar et Fred… l

Louis Danvers

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