Madonna @ Montréal: back to basics

Madonna, 9 septembre, Bell Centre, Montréal. © Kevin Mazur/Getty Images for Live Nation

Madonna n’avait plus fait de tournée aussi fun et peu prétentieuse depuis longtemps. Compte-rendu du kick-off de son Rebel Heart Tour au Bell Centre de Montréal.

THE GIG: Madonna au Bell Centre à Montréal le 9 septembre 2015.

EN UNE PHRASE: Un spectacle théâtral feel good, quelques classiques rarement interprétés en public et des accessoires inspirés de l’arte povera – une bouffée d’air frais après la tactique choc et high-tech de la tournée MDNA.

TEMPS FORTS: Holy WaterVogue / True Blue

POINT FAIBLES: Le medley de vieux tubes dans la partie gipsy du concert, et l’absence de ballades plus introspectives de Rebel Heart.

MEILLEURES CITATIONS: « Je vous le ferai savoir quand j’aurai trouvé la réponse (après Who’s That Girl) » / « Pourquoi voudrait-on jouer de la batterie? Personne ne vous voit! » (avec une guitare électrique en bandoulière) / « Désormais, les choses iront de mal en pis pour vous » (après qu’un spectateur ait attrapé un bouquet de mariée lancé par Madonna).

Ce n’est pas Miami, mais Montréal qui a accueilli la première date du Rebel Heart Tour de Madonna. Celui-ci était censé démarrer sur la côte est américaine, mais les plans ont été modifiés en cours de production. « Mes fans savent que le show doit être parfait. Il faut plus de temps pour que tout soit prêt », s’est plus au moins excusée Madonna auprès des malheureux qui avaient déjà réservé un billet d’avion pour Miami.

Fin de contrat

Les six prochains moins, les 64 concerts du Rebel Heart Tour conduiront la Reine de la Pop dans 43 villes. Elle commencera par l’Amérique du Nord et l’Europe avant de rejoindre les Philippines, la Nouvelle-Zélande et l’Australie. La star se produira le 28 novembre au Sportpaleis à Anvers. Après Werchter en 2009 et le stade Roi Baudouin en 2012, ce sera le troisième concert de Madonna en Belgique.

Les enjeux de la tournée sont très importants pour la chanteuse puisque le Rebel Heart Tour constitue la dernière étape de son contrat de dix ans et de 120 millions de dollars conclu avec Live Nation. Compte tenu des ventes décevantes de son avant-dernier album MDNA et celui de son dernier, Rebel Heart, victime de fuites sur internet, le succès de la tournée actuelle sera décisif pour les perspectives professionnelles de Madonna.

L’entrée spectaculaire de la chanteuse infatigable, enfermée dans un cage qui semblait descendre de nulle part, n’a pas dérogé à la tradition. Grâce aux costumes de samurai japonais dessinés par sa créatrice Arianne Phillips et la chorégraphie d’une précision millimétrée exécutée par 20 danseurs, on a pu profiter de son titre Iconic, pourtant peu mémorable.

Arte povera

Bien qu’impressionnante, la scène équipée de trois podiums, d’ascenseurs hydrauliques et de plateformes, l’était moins que celle du MDNA Tour. Là où sur la tournée précédente, on ne savait pas où donner de la tête, le tout plus ordonné permettait d’admirer les costumes détaillés et les chorégraphies souvent acrobatiques qui font davantage penser à de l’arte povera que du high-tech hors de prix.

Madonna, 9 septembre, Bell Centre, Montréal.
Madonna, 9 septembre, Bell Centre, Montréal.© Kevin Mazur/Getty Images for Live Nation

Le band composé de huit personnes était également bien visible. Par contre, au début de la soirée, la voix de Madonna ressortait à peine. Il a fallu attendre le troisième titre de la setlist, une interprétation épaissie d’une bonne couche de guitares du deuxième single de la madone Burning Up (1983), pour l’entendre clairement et être certain qu’elle chantait en live. Cependant, elle n’a commis aucune erreur, et cette fois la guitare lui allait comme un gant.

Tenues couvrantes

Le mash-up d’Holy Water, une ode quasi religieuse au sexe oral produite par Kanye West, et Vogue, a été le temps fort de la première partie. Si les deux thèmes combinés ne sont pas nouveaux pour Madonna, elle est la seule à faire faire du pole-dancing à des religieuses en petite tenue sur le catwalk. Simultanément, les danseurs masculins représentaient une version orgastique du Dernier repas. Il est probable que le Vatican n’apprécie guère le menu: à la fin de la scène, Madonna s’est assise sur la table, les jambes largement écartées.

À part cette scène, on n’a vu ni agressivité, ni provocations ni références à l’extrême droite et à l’atteinte des droits de l’homme vues sur la tournée MDNA. Cette fois, Madonna monte un spectacle « feel good ». En outre, la dernière fois qu’elle a porté des tenues aussi couvrantes, c’était pour incarner Evita en 1996.

Madonna, 9 septembre, Bell Centre, Montréal.
Madonna, 9 septembre, Bell Centre, Montréal.© Kevin Mazur/Getty Images for Live Nation

Classique

Le Rebel Heart Tour tient également compte des fans plus âgés de la star. Les deuxième et troisième parties de la setlist leur étaient consacrées avec entre autres les interprétations back to basics de True Blue et Who’s That Girl, titres que Madonna dit pourtant détester et refusait de jouer. Près de trente ans après, les deux titres semblaient toujours actuels.

Le mash-up de HeartBreak City et Love Don’t Live Here Anymore, un classique de Rose Royce enregistré en 1984, mais rarement interprété en live, ainsi que Deeper And Deeper et Like A Virgin, ont joué la carte de la sobriété.

Contrairement à ses tournées précédentes où elle ressemblait davantage à une professionnelle froide qu’à une artiste en chair et en os, Madonna semblait vraiment s’amuser, et de temps en temps faisant même un brin de causette avec le public, agrémenté de l’ironie nécessaire.

La Vie en rose

Le public, majoritairement francophone, de Montréal a été séduit par la version modeste et convaincante de La Vie en rose d’Edith Piaf, un joli moment de calme qui a prouvé une nouvelle fois que la star ne cherchait pas la controverse, mais voulait surtout jouer la carte du romantisme.

La star a conclu son show par Unapologetic Bitch et Holiday: deux titres qui rappellent les thèmes qui sont le fil rouge de sa carrière et qui ont permis à chacun de rentrer de bonne humeur.

SETLIST: Iconic / Bitch I’m Madonna / Burning Up / Holy Water – Vogue / Devil Pray / Body Shop / True Blue / Deeper and Deeper / HeartBreak City – Love Don’t Live Here Anymore / Like A Virgin / Living For Love / La Isla Bonita / Medley: Dress You Up – Into The Groove – Everybody – Lucky Star / Who’s That Girl / Rebel Heart / Music / Candy Shop / Material Girl / La Vie En Rose / Unapologetic Bitch / Holiday

Cet article a été réalisé en collaboration avec Air Canada.

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