Loyauté

 » Toi, au moins, il te reste les hommes. » Cette phrase reçue en pleine face par Giulia de la part de Seamus, son chef, agit comme un déclencheur chez cette employée d’une grande banque de Canary Wharf, quartier des affaires du nouveau Londres. Que fallait-il entendre à travers cette prophétie désabusée pour une jeune femme de 32 ans gagnant beaucoup d’argent mais à la vie relationnelle réduite à rien? Elle-même ex-employée de ce type de temple du néolibéralisme, Letizia Pezzali signe avec son deuxième roman une étrange introspection sur ce qui alimente notre désir et son expression dans le microcosme financier. Renvoyée à son présent peu réjouissant, Giulia se souvient de cette relation tournant à l’obsession avec Michele, marié, de 20 ans son aîné, lui-même passé par la City. Se défiant de la voracité sentimentale de sa jeune amante, il a coupé les ponts aussi bien avec elle qu’avec son boulot. L’écriture analytique, comme une balade sans destination précise dans la mémoire des sentiments, se nourrit de littérature pour nous parler d’une solitude contemporaine. Ici, les humanités se fracassent sur les tours de verre de la finance sauvage. La gloire des yuppies, c’est fini.

de Letizia Pezzali, éditions Fayard, traduit de l’italien par Lise Caillat, 256 pages.

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