L’oeuvre de la semaine: Putain de guerre

Werner Reiterer: Sans tire (cercueil), 2008. © Coll Frances
Guy Gilsoul Journaliste

La guerre est là, éclatée, aux quatre coins d’une planète qui n’en demandait pas tant. Les autres aussi, dans nos mémoires qui s’étalent dans les musées et les media. De commémorations en souvenirs, nous est montré comment l’art s’en est fait l’écho.

Comment, artistes planqués ou artistes guerriers ont vu, vécu ou appréhendé ces moments d’atrocités et d’héroïsme banalisé. La guerre est là encore, à l’écran ou dans les jeux, avec ses héros de pixels et ses exploits inodores. Alors au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, le galeriste Jacques Cerami pose à son tour le pied dans cette boue sale et glissante. Mais cette « Putain de guerre » (le titre choisi) mêle ici lieux et conflits de sorte qu’elle apparait comme une erreur banalisée à-temporelle autant qu’universelle contre laquelle s’élèvent aujourd’hui encore et toujours artistes et photographes documentaires. Parmi les 40 pièces retenues, retenons ce bras d’honneur signé par un autrichien du nom de Werner Reiterer. Pas un inconnu dans les sphères mondialisées de l’art. Mêlant cynisme et ironie, ce jeune quinqua traque la mort « avec, écrit-il, un parfait aplomb et sans respect. On a besoin de la devancer pour pouvoir se retourner soudain et lui tirer la langue ». Oui, il y a de la surprise et de l’effroi dans ce bras qui surgit du cercueil dans lequel la victime de la guerre (peu importe qu’il soit d’un bord ou d’autre, soldat ou pacifiste) a trouvé un ultime refuge. Véritable trublion des arts, Reiterer avait par exemple conçu pour une autre exposition un avatar de lui-même en format miniature qu’il avait posé à même le sol. Dès qu’un visiteur s’en approchait, la poupée se mettait à respirer… Une autre fois, il avait peint la vitrine en un magnifique et solaire vert pomme avec une flèche indiquant l’intérieur et ces mots: Sortie de secours alors que, parmi les objets et les projets dessinés, on pouvait lire cette phrase: « Will be back in five minutes! God ».

Charleroi, Palais des Beaux-Arts. Place du Manège. Jusqu’au 13 décembre. Ma-Ve 9-17h ; Sa 10-18h. www.charleroimuseum.be

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