L’oeuvre de la semaine: Le Gothique entre deux rives

Wim Delvoye, Chapelle, 2006. Coll Mudam Luxembourg © Remi Villagi
Guy Gilsoul Journaliste

Pourquoi donc, après avoir tatoué des cochons, proposé des bonbonnes à gaz en faïence de Delft et fabriqué des machines à digérer, Wim Delvoye utilise-t-il l’esthétique de l’architecture gothique qu’il décline à tous vents depuis 20 ans?

La cible demeure la même: la Flandre en tous ses oripeaux officiels. Or la grandeur de celle-ci nait et se développe à partir de la naissance des villes et la montée en puissance de la bourgeoisie commerçante. Tout parait alors possible et l’artiste voit dans la mondialisation récente des échanges, la perspective d’un nouveau printemps du monde. Un monde qui pourrait réduire le pouvoir des états au profit des initiatives privées et des mélanges de culture. Mais en même temps, Delvoye aime rappeler que le recours à des constructions de type néo-gothique fût au XXe siècle flamand, encouragé, par les édiles gantoises par exemple, afin d’affirmer la grandeur d’une Flandre désormais pilotée par des ambitions politiques. Les oeuvres jouent alors la carte de l’ambivalence. Au Mudam, à l’occasion d’une vaste exposition, on découvre une chapelle décorée de vitraux. Tout y est, les arcs brisés, les voûtes sur croisées d’ogive, les claires-voies… découpés au laser dans le métal. Là non plus, ce n’est pas un hasard. Le fer représentant la fierté d’un XIXe siècle industrieux autant que vaniteux au cours duquel se développa, sur fond de fierté nationaliste, l’idée d’une conquête du monde et de la nature. Derrière le rire de Wim Delvoye… il y a bien une révolte.

Luxembourg, Mudam. Jusqu’au 15 janvier 2017. 3 Park Drai Eechelen. Tlj de 11h à 18h. www.mudam.lu

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