Les 22 cadrages qui marchent tout le temps, de Wallace Wood

© POCHEP
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Quand des artistes alignent, pour résumer ou pour rire, les choses à faire et à ne pas faire dans leurs pratiques. Une série illustrée par Pochep.

L’Américain Wallace Wood était un pionnier de la BD de genre, une référence en SF, fantasy, humour et érotisme, et un (très) grand maître de l’encrage, mais surtout, c’était, comme tous ses collègues américains, un auteur (mal) payé, à la production, et qui n’avait pas de temps à perdre. Et c’est ainsi qu’en 1964, en signant chez Marvel Comics après, entre autres, douze ans de MAD Magazine, il se rend compte que pour gagner l’équivalent d’une page de MAD, il devra crayonner ou encrer quatre pages chez Marvel (où il dessinera entre autres le costume du Daredevil, tel qu’on le connaît encore aujourd’hui).

« Wally » Wood, pour gagner du temps, se crée dès lors une petite bibliothèque des cadrages possibles, surtout pour les scènes de dialogue, car, comme il l’écrit au-dessus de quelques exemples qu’il fournit à ses assistants, « il faut mettre un peu de variété dans les cases ennuyeuses des scénaristes stupides, qui multiplient page après page des dialogues de personnages boiteux« , et surtout ne pas passer trop de temps à y réfléchir: « Nous ne sommes pas payés assez pour nous user. Voilà un ensemble restreint d’idées qui ont fait leurs preuves. Quand vous êtes coincé, prenez-en une et avancez. »

C’est son assistant Harry Lama qui a l’idée de rassembler toutes ces propositions de mise en scène de cases de comics sous le titre 22 cadrages qui marchent tout le temps (22 Panels That Always Work). Il en imprime 50 exemplaires qu’il fournit à son tour à des collègues et éditeurs, qui eux-mêmes recopieront, re-dessineront ou ré-imprimeront maintes et maintes fois ces 22 panels de Wally Wood devenus légendaires, pour s’en servir comme pense-bête ou les fournir aux dessinateurs en herbe. S’il n’existe plus de copie valable des 22 cadrages et dessins originaux de Wally Wood, on trouve par contre, et à foison sur le Net, d’autres versions, redessinées mais fidèles aux conseils du maître, mort à L.A. en 1981, à 54 ans seulement.

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