
Colette, la romancière aux mille et une vies, est née il y a 150 ans
L’écrivaine, journaliste et comédienne Sidonie-Gabrielle Colette, plus connue sous le nom de Colette, est née il y a 150 ans, le 28 janvier 1873 dans l’Yonne en France. Monument de la littérature française, célèbre pour sa série littéraire mettant en scène le personnage de Claudine, elle s’illustre par sa liberté de ton et de mœurs et explore des thématiques encore taboues à l’époque telles que la bisexualité et l’émancipation des femmes.
Colette est la cadette d’une fratrie de quatre enfants. Installée dans la bourgade de Saint-Sauveur-en-Puisaye, en Bourgogne, la famille, relativement aisée, mène une existence simple sous la houlette de la mère de famille Sidonie, dite « Sido », et du père, Jules-Joseph, un ancien soldat au caractère bien trempé. La romancière s’inspirera de ces années d’insouciance et de découvertes pour sa série de cinq romans mettant en scène l’intrépide Claudine, dont le premier numéro « Claudine à l’école » paraît en 1900. La nature et les animaux, tout comme les personnages truculents, sont la toile de fond de récits relatant l’émancipation progressive d’une fille de province.
Plusieurs thèmes chers à la romancière tels que la découverte de la sexualité et la condition de la femme parsèment ces romans qui connaissent un grand succès. Ces écrits, en plus de faire scandale quant à leur contenu, seront également au cœur d’une polémique impliquant l’époux de la romancière, Henry Gauthier-Villars (dit « Willy »), dont le seul nom figurera longtemps sur les ouvrages. La romancière récupèrera finalement la maternité de son œuvre des années plus tard, mettant en lumière la façon dont son ex-mari s’en était approprié les droits.
Bien plus que romancière, Colette se frotte également au monde de la scène en se lançant dans le music-hall, de 1906 à 1912. Elle présente notamment des pantomimes d’inspiration orientale au Moulin Rouge, dont l’érotisme fait scandale. Désormais divorcée, elle entretient plusieurs relations lesbiennes qu’elle ne cherche pas à dissimuler. Ses années de scènes lui inspirent plusieurs romans quasi autobiographiques dont « La vagabonde », publié en 1910.
Femme aux mille et une vies, elle exerce par ailleurs comme journaliste et devient même directrice littéraire du journal Le Matin en 1919.
Colette entretient en outre de nombreux liens avec la Belgique et plusieurs personnalités dont Georges Simenon – dont elle accepte de publier l’un des tous premiers textes en 1923 dans « Le Matin » – et la reine Élisabeth. Elle est également élue au sein de l’académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 1935.
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Signe d’une personnalité peu commune, elle est la deuxième femme élue à l’académie Goncourt en 1945 (après Judith Gautier) et elle en devient la première présidente en 1949.
Femme de lettres prolifique, elle écrit près de 25 romans et une trentaine de recueils, essais et carnets traitant d’une grande variété de thématiques où transparaissent son amour pour les animaux et la nature (« Dialogues de bêtes », « La paix chez les bêtes ») ainsi que sa curiosité pour des thématiques peu communes telles que l’addiction à l’alcool, l’opium et les plaisirs charnels (« Le pur et l’impur »).
Colette décède le 3 août 1954 à Paris, à l’âge de 81 ans. Si l’Église catholique lui refuse des funérailles religieuses en raison de ses choix de vie, elle devient la première femme à recevoir des obsèques nationales.
Près de septante ans après son décès, l’œuvre de Colette n’a rien perdu de sa modernité sulfureuse et de son ton avant-gardiste, continuant d’être redécouverte et analysée. Plusieurs fois portée à l’écran, la vie de cette personnalité fascinante a fait l’objet d’un biopic en 2018 avec Keira Knightley dans le rôle-titre.
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