Critique | Livres

Chronique livre: Anilda Ibrahimi – La Mariée était en rouge

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | « Il y a une chose que toute petite je savais déjà: avec toutes ces femmes dans la famille, je n’aurais pas une vie sentimentale facile. Les femmes peuvent vous aider dans la découverte des grands, mais elles peuvent aussi vous abîmer. »

Chronique livre: Anilda Ibrahimi - La Mariée était en rouge

S’inspirant des récits de ses ancêtres, Anilda Ibrahimi nous entraîne à travers les remous de l’Histoire albanaise. Depuis la Première Guerre mondiale jusqu’en 2003, elle invite son lecteur à pénétrer l’immense famille de Saba, mariée à quinze ans à un homme qui ne l’aimera jamais, union imposée pour régler une dette de sang. Sa seule fonction est de procréer, mission qu’elle remplira parfaitement dans les larmes et les joies. Divisé en deux parties, le roman cède d’abord la parole à un narrateur extérieur qui s’immisce dans la vie de Saba, petite chose falote qui, à force de volonté, parviendra à ne pas dessécher son âme, ses enfants, ses soeurs « à la turque » et celles « à la française » selon qu’elles vivent à la capitale ou dans les provinces reculées où les moeurs semblent quelque peu obsolètes: répression sexuelle humiliante, relégation des enfants idiots, camps d’internement pour les filles-mères et exil de plusieurs membres de la famille à Cuba ou au Cambodge. Dans la deuxième partie du roman, c’est la petite-fille de Saba qui poursuit le récit et raconte la dictature d’Hoxha, la chute du mur de Berlin, les communismes et enfin, l’ouverture du pays à l’Occident et le chaos qui s’en suivit. Une fresque bien rythmée, des personnages étonnants qui sauvent très souvent leur vie en la risquant et un questionnement sur ce pays qui nous a été longtemps inconnu.

  • D’ANILDA IBRAHIMI, BOOKS EDITIONS, TRADUIT DE L’ITALIEN PAR MAIRA MUCHNIK, 358 PAGES.

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