Critique | Livres

BD: Flesh & Bones, la nouvelle collection qui ne fait pas dans la dentelle

© Glénat
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Pulps et séries B se sont trouvé une nouvelle collection pour renouveler le sous-genre: Flesh & Bones ne fait pas dans la dentelle, mais le fait plutôt bien.

Du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau. Tel pourrait être le concept revendiqué par la collection Flesh & Bones apparue il y a moins d’un an chez Glénat -et plus précisément dans sa filiale Comics Glénat, c’est vous dire si on revendique ici le sous-genre. Du sang et des tripes, mais aussi des « scream queens », des serial killers, des monstres mangeurs d’hommes, des parasites extra-terrestres, des boobs et des cadavres, plein de cadavres. En gros, tout ce que les séries B et Z ont imposé comme clichés dans une culture très générationnelle mais désormais mondiale, et plus exigeante qu’il n’y paraît. Une culture qui s’exprimait jusqu’ici très peu, et paradoxalement, dans la bande dessinée francophone et chez les grands éditeurs, plutôt conservateurs. Le Français Glénat, qui modernise considérablement son catalogue depuis quelques années, s’est donc jeté dans la brèche avec cette nouvelle collection, très américaine et parfois nippone dans les références, mais bel et bien francophone pour la majorité de ses auteurs.

De Lovecraft au slasher

Derrière des titres aussi nanars ou référencés que Voyage au pays de la peur ou Blood Red Lake, on retrouve ainsi des scénaristes rompus et bien de chez nous comme Rodolphe ou Christophe Bec, qui semblent se jeter avec délectation sur ces figures imposées, le premier puisant sa weird tale chez Lovecraft à bord d’un navire parti en même temps pour le pôle sud et l’enfer, le second utilisant tous les outils du slasher et du teen movie pour écrire un road movie à la fois charnu et sanglant, comme attendu. Dans la fournée d’octobre -la collection propose deux à trois titres tous les trois mois, à chaque fois en format souple et sur 128 pages noir et blanc-, on a particulièrement apprécié 50, enquête bien gore sur les traces d’un serial killer qui a beaucoup, beaucoup aimé le Seven de Fincher. Bref, à chaque fois, chacune de ces BD au format comics assume totalement ses références et ses clichés, suivant scrupuleusement sa « to do list » tellement horrifique qu’elle en devient, c’est le but, amusante et réellement divertissante -ce qui, dans le sous-genre et le Z, est loin d’être un gros mot. Surtout, les auteurs, eux-mêmes amusés, usent du vrai-faux premier degré à la fois absolument nécessaire et souvent jubilatoire pour réussir ces figures imposées. Et fournir aux amateurs du genre leur comptant de sensations un peu vaines, mais toujours fortes.

50, DE SENTENAC ET GUÉRIN, ÉDITIONS GLÉNAT, 128 PAGES. ****

BLOOD RED LAKE, DE BEC ET ARLEM, ÉDITIONS GLÉNAT, 128 PAGES. ***

VOYAGE AU PAYS DE LA PEUR, DE RODOLPHE ET DZIALOWSKI, ÉDITIONS GLÉNAT, 128 PAGES. ***(*)

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