À L’OCCASION DE SON CENTENAIRE, DEUX TITRES DONNENT LA MESURE DU TALENT D’UN MONSTRE SACRÉ.

L’ultimatum des trois mercenaires (1)

DE ROBERT ALDRICH. AVEC BURT LANCASTER, RICHARD WIDMARK, CHARLES DURNING. 1977. 2 H 24. ED: CARLOTTA. DIST: TWIN PICS.

7

Tant qu’il y aura des hommes (2)

DE FRED ZINNEMANN. AVEC BURT LANCASTER, MONTGOMERY CLIFT, DEBORAH KERR. 1953. 1 H 58. DIST: SONY.

8

Icône du cinéma américain de l’après-guerre, un acteur dont la carrière devait courir de 1946 (The Killers de Robert Siodmak) à la toute fin des années 80, Burt Lancaster aurait eu 100 ans ces jours-ci (le 2 novembre, précisément). L’occasion d’exhumer deux pépites de sa longue filmographie qui, éditées au format Blu-ray, donnent la mesure de son talent et d’un jeu tout en intensité. Tourné en 1977 (mais situé en 1981), et quelque peu oublié aujourd’hui, L’ultimatum des trois mercenaires (Twilight’s Last Gleaming en vo) ponctuait une collaboration avec Robert Aldrich entamée au coeur des années 50, et ayant livré divers classiques, de Vera Cruz à Ulzana’s Raid. Thriller politique, le film voit un petit commando de détenus évadés de prison, et emmenés par un ex-général de l’US Air Force -Lancaster-, s’infiltrer dans une base militaire du Montana, afin de prendre le contrôle d’une batterie de missiles nucléaires. Et de dicter leurs conditions à l’état-major -dévoiler les motivations réelles derrière l’engagement américain au Vietnam-, sous peine de déchaîner l’apocalypse… C’est là le point de départ d’un mano a mano sous haute tension, puissamment incarné par les Lancaster, Widmark et autres Joseph Cotten ou Charles Durning, et mis en scène avec sa sécheresse coutumière par Aldrich, qui dépeint ici un monde où la morale est sacrifiée sur l’autel de la realpolitik et du cynisme. Constat non dénué d’ironie amère, et asséné de cinglante manière, le réalisateur s’appuyant notamment sur un usage immodéré mais avisé du split-screen. Proposé en bonus, l’excellent document Aldrich à l’assaut de Munich, où fut tourné le film, achève de faire de cette édition un must.

De passion en fatalité

Aux côtés de ce thriller rare ressort un classique incontournable, Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity en vo), drame multi-oscarisé tourné par Fred Zinnemann en 1953. Pour mémoire, l’action se déroule à Hawaï, à la veille de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, et entrecroise les destins de trois soldats américains -les impeccables Monty Clift, Frank Sinatra et Burt Lancaster, auxquels le réalisateur a eu l’excellente idée d’ajouter Deborah Kerr, formidable dans un contre-emploi de nymphomane. Ce n’est d’ailleurs pas là la seule audace d’un film à qui sa peinture de la réalité militaire valut d’être rebaptisé par Time Magazine From Here to Insanity. Si la mémoire cinéphile a surtout retenu la scène, inoubliable et chargée de pur érotisme, où l’actrice du Narcisse noir et Lancaster s’étreignent en roulant dans les flots, c’est le film tout entier qui garde une force et une densité exceptionnelles, mélodrame surfant de passion en fatalité. En un mot comme en cent, incontournable.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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