Critique | Cinéma

Les réalisateurs de Strip-Tease remettent le couvert avec Poulet Frites

3,5 / 5
© National
3,5 / 5

Titre - Poulet Frites

Genre - Documentaire/Film Noir

Réalisateur-trice - Jean Libon et Yves Hinant

Casting - Jean-Michel Lemoine, Anne Gruwez

Durée - 1h40

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Jean Libon et Yves Hinant signent un polar documentaire dépotant avec Poulet frites, plongée dans une enquête au début des années 2000.

Quatre ans après Ni juge, ni soumise, le documentaire qui consacrait la déclinaison du modèle Strip-tease au format cinéma, la paire Jean Libon-Yves Hinant remet le couvert (c’est le cas de le dire) avec Poulet frites. Mais si la juge Anne Gruwez, star du premier, est encore du second, qu’infuse par ailleurs généralement l’esprit de l’émission culte apparue au milieu des années 80, ce nouveau film diffère cependant sensiblement de son prédécesseur.

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Un sacré “personnage”

Coincés par le Covid au moment de lancer un Strip-tease intégral pour le cinéma, les deux réalisateurs se sont reportés sur du matériel préexistant, revisitant l’intégralité des rushes de ce qui avait débouché, en 2007, sur le triptyque Le Flic, la Juge et l’Assassin. Quinze ans plus tard, après visionnage d’une centaine d’heures et remontage du sujet, voici donc Poulet frites, un titre fleurant bon la belgitude pour un documentaire en noir et blanc dans la tradition du film noir. L’histoire se situe au début des années 2000, et s’ouvre sur la découverte du cadavre d’une jeune femme, Kalika, sauvagement assassinée dans son petit appartement ixellois. Un crime dont la pièce à conviction n’est autre qu’une… frite, ce qui ne s’invente pas, et dont le suspect principal est le voisin et ex occasionnel de la victime, alcoolique et toxicomane, 37 ans dont 16 passés en prison, dont l’alibi sur le mode “je ne me souviens de rien” apparaît pour le moins bancal. Le commissaire Jean-Michel Lemoine, en charge de l’enquête, en a vu d’autres, toutefois, dont il apparaît rapidement que, sous ses airs de Columbo bruxellois, il connaît aussi bien son métier que la nature humaine. Et de poursuivre ses investigations l’air de rien, tentant, imperturbable, d’assembler les pièces du puzzle, là où la juge aurait pour sa part tendance à s’en remettre à sainte Rita, la patronne des causes désespérées.

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Si le contexte est hautement improbable, tout suinte pourtant la vérité dans ce polar immersif s’insinuant dans les méandres d’une enquête en milieu précarisé. Libon et Hinant s’y entendent pour scénariser le réel, et Poulet frites, qui carbure à l’absurde tendance surréaliste, trouve aussi la bonne hauteur du regard, décalé mais bienveillant. C’est d’ailleurs l’humanité qui prime dans cette drôle de comédie peuplée de sacrés “personnages”, Lemoine en premier, dont le naturel fait des étincelles (tellement vrai qu’il a été couronné meilleur “acteur” au festival de GijÓn!). Et pour cause, ce documentaire révélateur aussi drôle que grinçant permettant aussi de vérifier un adage cher à son tandem de réalisateurs, et voulant que le réel soit plus fort que la fiction…

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