Critique

Les Pommes d’Adam

Les Pommes d’Adam mettent en scène un skinhead néo-nazi, confronté à Ivan, un pasteur accueillant des ex-taulards et opposant une résolution aussi ferme que douce et bienveillante aux criminels parfois endurcis qu’on lui envoie. Un film danois imprévisible, secouant, parfois brutal mais aussi et surtout d’une sombre autant qu’irrésistible drôlerie.

LES POMMES D’ADAM, COMÉDIE DRAMATIQUE D’ANDERS THOMAS JENSEN. AVEC ULRICH THOMSEN, MADS MIKKELSEN, NICOLAS BRO. ****
Ce mardi 8 mai à 20h00 sur Plug RTL.

L’humour noir est le terrain favori du cinéaste danois Anders Thomas Jensen, dont le film précédent et déjà très savoureux, Les Bouchers verts, est resté inédit chez nous. La spécialité de ce réalisateur aussi audacieux que doué est de prendre à rebrousse-poil les idées reçues de ses contemporains. Dans Les Pommes d’Adam, il met en scène un dur de dur, un skinhead néo-nazi qui se croit inflexible et irréductible. Mais les choses changeront peut-être quand Adam se retrouvera chez Ivan, un pasteur accueillant des ex-taulards et opposant une résolution aussi ferme que douce et bienveillante aux criminels parfois endurcis qu’on lui envoie. Entre le prêtre et l’extrémiste antisocial, l’apôtre de la non-violence et l’amateur de castagne, va naître une relation complexe, mouvementée, extrême, où le sang coulera mais où il sera aussi bizarrement question de… tarte aux pommes.

Toujours prêt à déranger utilement, Anders Thomas Jensen nous invite à nous demander si, en fin de compte, le pasteur dévoué pratiquant un protestantisme « hard », aux limites du masochisme, n’est pas aussi dérangé mentalement que le voyou au crâne rasé qui se balade avec un portrait d’Hitler… L’Homme est-il bon, comme veut le croire Ivan? La haine est-il son lot, comme l’affirme Adam? Est-il capable à la fois du meilleur et du pire, comme semble le suggérer Anders Thomas Jensen? A chacun de tirer sa propre conclusion, au terme d’un spectacle imprévisible, secouant, parfois brutal mais aussi et surtout d’une sombre autant qu’irrésistible drôlerie. Réaffirmant qu’il faut pouvoir rire des questions sérieuses, le réalisateur danois exerce sa liberté créative avec d’autant plus d’efficacité que son humour, jamais gratuit, exprime un véritable point de vue, jamais complaisant pour l’idéologie d’extrême-droite. Les acteurs, impressionnants, jouent le jeu à fond.

Louis Danvers

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