La neuvième édition du festival Voix de femmes organise la résistance artistique face aux injustices et aux préjugés récurrents. Vaste programme anti-macho qui embrasse aussi des musiques du monde comme la magie noire d’Oumou Sangaré.

Cette édition 2009 est dédiée à Daw Aung San Suu Kyi, résistante birmane que le pouvoir militaire tente de briser depuis 2 décennies. Cette femme, au visage d’ange fatigué, dans un pays lointain et corrompu, c’est le symbole en péril qu’on aimerait prendre dans ses bras pour le réconforter de la crapulerie du monde. Il y a de cela dans cette manifestation qu’on peut appeler militante depuis que ce mot-là fait un saignant come-back, généreusement dopé par l’iniquité sociale et économique contemporaine. Dans ce festival parti de Liège en 1991, l’énergie est politique, mais pas seulement: elle fait partie d’un programme d’exploration des cultures du monde. Les voix des femmes d’une vingtaine de pays viennent à Bruxelles, Anvers et Liège – et pour la première fois à Utrecht – nous dire des choses que l’on ne sait pas forcément. Pendant 11 jours et 11 soirées de novembre, ces beautés peu connues, ces sentiments autres, cette résistance des filles, s’expriment sous différentes formes: cinéma, théâtre, rencontres ou encore ateliers où l’on apprend la chanson sicilienne ou les techniques vocales des indiens du Brésil. C’est roots mais souvent pertinent. La part du lion du festival est consacrée à la musique: généralement, les noms de ces voix de femmes « exotiques » sont inconnus du grand public, souvent, ils sont le reflet de sociétés où le chant représente – encore – le chemin le plus sacré, le plus voluptueux, le plus intrigant, vers la révélation de soi et le sens d’un monde forcément commun. Focus vous propose son propre cabinet des curiosités.

Pour gagner:

– 5×2 places pour la soirée d’ouverture à Liège le 21/11. Avec Oumou Sangaré et Oriana Civile.

– 5×2 places à Flagey le 22/11. Avec Liu Suola.

Rendez-vous sur www.focusvif.be

Le festival Voix de Femmes a lieu du 18/11 au 28/11, notamment à Flagey (Bruxelles), la Caserne Fonck (Liège) et le Zuiderpershuis (Anvers).

www.voixdefemmes.org

Renata Rosa (Brésil)

le 18/11, à flagey,

le 21/11, au zuiderpershuis,

le 26/11, à la caserne fonck.

Soit une native de la démente São Paulo partie dans le Nordeste débusquer les traditions rurales, déterrant par exemple le maracatu sur des rythmes où trois jambes ne seraient pas un luxe pour danser. Deux oreilles suffisent par contre pour écouter ses récits de repentis ou son invitation à partager son concert – une première européenne – lancée à des chanteuses des minorités indiennes du Pernambuco…

Officina Zoé (Italie)

le 21/11, à Flagey,

le 26/11, à la Caserne Fonck.

Venu du talon de la botte italienne, ce groupe défend un folk local baptisé pizzica, à l’origine un mélange de musiques des Pouilles, également liées aux rites thérapeutiques contre la piqûre de la tarentule! C’est dansant, rythmé et pas trop cérémonieux, les harmonies vocales d’Officina Zoé se chargeant de mettre aussi de la noblesse dans ces croyances du terroir…

Oumou Sangaré (Mali)

le 20/11, au Zuiderpershuis

La seule véritable vedette du festival, au sens où son nom est désormais synonyme d’éclatante réussite africaine popularisée en Europe comme aux Etats-Unis. Chanteuse d’exception, Miss Sangaré convoque d’emblée une poésie sidérale, qui n’a d’égale que la volupté des rythmes embarqués. Ce qui ne l’empêche nullement d’être une star qui fait de la pub au pays pour son propre modèle de 4×4 chinois… Ou de duettiser avec Alicia Keys.

Angélique Ionatos (Grèce)

le 20/11, à la caserne fonck.

Grecque dans l’âme, elle a longtemps résidé en Belgique avant de choisir Paris. Styliste impressionnante, elle sculpte sa voix dans des textes qui ramènent au classicisme d’origine mais dissèque aussi la chair des écrits d’Anna de Noailles et de l’historique poète chilien Pablo Neruda. Elle est accompagnée d’un trio violon, bandonéon et contrebasse.

Liu Sola (Chine)

le 22/11, à flagey

Voilà une drôle d’aventure sonique. Une écrivain chinoise déjà fameuse pour un livre racontant ses jeunes années sauvages, s’exile un moment aux Etats-Unis et recycle les fantasmes musicaux de son pays-continent dans une sorte de no wave baroque. Comme si Laurie Anderson avait fréquenté les bords du Yangtsé plutôt que ceux de l’Hudson. Sans violon, toutefois…

Malouma (Mauritanie)

le 18/11, au Zuiderpershuis,

le 27/11, à la caserne fonck.

Une voix percutante qui prend des hauteurs sans être snob. Des mélodies complexes qui réquisitionnent autant la guitare électrique qu’une mélancolie hypnotique. Activiste sociale devenue sénatrice, cette diva des sables continue inlassablement à chanter le non-droit des femmes mais aussi la lutte nécessaire contre le SIDA ou la pauvreté d’un pays troublé. Pour ceux qui aiment Tinariwen…

Texte Philippe Cornet

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