Les Innocents & les Autres

Meadow Mori et Carrie Wexler se rencontrent à l’adolescence, dans les années 80. Leur passion commune pour le cinéma leur fait intégrer ensemble la Tisch School of Arts de New York. La première exerce rapidement un ascendant d’autorité intellectuelle sur son amie: plus pointue, elle souhaite tordre les codes du documentaire et s’immerge dans son art, quand Carrie cherche à insuffler un peu d’air frais dans des comédies où les femmes auront un rôle à jouer, sans s’interroger plus avant. Mais quand Meadow se décide à réaliser un film sur l’énigmatique Jelly/Nicole, correspondante téléphonique fantasmatique de nombreux intervenants d’Hollywood, il se pourrait que son penchant viscéral pour le cinéma vérité lui fasse perdre toute considération pour son sujet… Hommage aux pellicules affûtées, Les Innocents & les Autres interroge à l’envi le processus créatif et les limites éthiques quand on interfère avec l’existence de sujets réels. Dans ce troisième roman au découpage habile, alternant narrations et articles de revues de niche, Dana Spiotta expose parfois plus spontanément les arêtes de son intellect que son coeur mais vous donnera, à n’en pas douter, envie de découvrir les films Portrait of Jason de Shirley Clarke ou Killer of Sheep de Charles Burnett.

De Dana Spiotta, éditions Actes Sud, traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson, 352 pages.

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