Jimmy Scott

Né en 1925, il est vite baptisé Little Jimmy Scott pour sa petite taille. En cause, le syndrome de Kallmann, qui contrarie la croissance, y compris celle de la voix. D’où ce chant extraordinaire, mi-homme, mi-femme, contralto black qui séduit les jazzmen de la fin des années 40: Lionel Hampton l’engage dans son band avant que Ptit Jimmy ne vole de ses propres ailes fracassées. A la fin des sixties, par manque de succès, Scott retourne dans son Cleveland natal pour bosser comme groom d’ascenseur. Il lui faudra plus de 20 ans pour être redécouvert – par Lou Reed – et entamer une brillante seconde carrière dans les années 90. Un passage au Théâtre 140 prouve que l’émotion vraie est toujours hors catégorie.

Ian Dury, Steve Harley

Tous deux anglais, tous deux victimes de la poliomyélite, terrible maladie qui lessive les membres du corps et les laisse infirmes et amaigris. Dury est le plus gravement atteint des deux, un de ses bras étant réduit à l’état de squelette permanent. Non pas que cela l’embarrasse: en scène, il l’expose naturellement au public. Plus important, il joue de cette image monstrueuse dans un personnage de vaudeville british et la propulse dans des chansons de cabaret-rock acide, franchement hors normes ( Sex & Drugs & Rock’n’Roll). Un de ses titres fameux ( Spasticus Autisticus) raconte – avec humour – son handicap. Dury meurt d’un cancer en 2000 à 58 ans… A côté, Steve Harley, c’est le Bon Dieu. D’ailleurs, au sommet de sa gloire avec Cockney Rebel – en 1975 -, il installe, lors d’un concert en plein air, un dispositif pour faire croire qu’il peut marcher sur l’eau! Ce n’est qu’en le rencontrant 15 ans après ses tubes glam Sebastian et Judy Teen, qu’on découvre cette fameuse façon de boîter, caractéristique de la polio.

Victoria Williams

Auteure et compositrice originaire de Lousiane, Williams déploie un talent organique pour décrire les péripéties du Sud dans ses chansons d’essence americana. Son succès reste confidentiel jusqu’en 1993, date à laquelle elle est diagnostiquée souffrant de la sclérose en plaques, maladie neuro-dégénérative à l’issue incertaine. Du coup, un casting de stars US (Pearl Jam, Lou Reed, Soul Asylum, Lucinda Williams…) se mobilise pour enregistrer le répertoire de Lucinda et lui donner un écho inédit. Ironie du genre (pop): une chanteuse malade est plus connue que la même chanteuse en bonne santé…

Ph.C.

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