Les Gestes du chinois – L’Art d’enseigner le chinois – Le Propre du sujet

© EDOUARD CAUPEIL / PASCO

En 2002, Jean-François Billeter faisait une irruption remarquée dans le domaine de la pensée -une irruption d’autant plus étonnante qu’elle était tardive. À 63 ans, le très sérieux professeur d’études chinoises de l’université de Genève publiait chez Allia des Leçons sur Tchouang-tseu dont le titre un peu raide ne découragea pas toute une génération de lecteurs qui y découvrit une langue, une pensée et un monde inédits. Depuis, Billeter n’a cessé d’écrire, multipliant les brochures traitant de ses sujets de prédilection: la Chine et son écriture, bien sûr, mais aussi les fragments de Georg Christoph Lichtenberg, le destin de l’Europe, l’histoire de la rencontre avec son épouse (décédée depuis). Si chacun de ses ouvrages était marqué de l’élégance et de l’érudition de son auteur, ils avaient toutefois dérivé de manière croissante vers l’exploration de ce que Billeter considérait comme son système philosophique propre -un mélange de phénoménologie inspirée de Maurice Merleau-Ponty, de théorie du langage à la Ludwig Wittgenstein et, là aussi, d’inspiration chinoise. Autant ses études sur Tchouang-tseu ou l’art chinois de l’écriture avaient pu fasciner, autant ses autres ouvrages, qui ressemblaient à ceux d’un oncle savant dont les théories seraient aussi sympathiques que ringardes, avaient fini par décourager. La surprise est d’autant plus délicieuse de le voir enfin revenir à ses amours érudites, et proposer à la lecture un bouquet d’opuscules brillants et singuliers, dont les objets en apparence ésotériques ne doivent pas dissimuler le potentiel de jouissance. Les Gestes du chinois et L’Art d’enseigner le chinois sont en effet des réflexions en même temps que des conseils de méthode pour « intégrer » la langue chinoise sans en passer par la fascination occidentale pour la grammaire. À l’aide de quelques simples notations et exemples, Billeter restitue à l’étrangeté du chinois la richesse et la complexité de son univers de sens. Et c’est vertigineux.

Les Gestes du chinois - L'Art d'enseigner le chinois - Le Propre du sujet

De Jean-François Billeter, éditions Allia, 96 pages/64 pages/64 pages.

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Les Gestes du chinois - L'Art d'enseigner le chinois - Le Propre du sujet
Les Gestes du chinois - L'Art d'enseigner le chinois - Le Propre du sujet

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