Les Chiens de paille

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Les cinéphiles connaissent la version signée Sam Peckinpah (1971), librement adaptée du roman de l’écrivain écossais Gordon Williams. Un sommet d’angoisse et d’horreur pure avec Dustin Hoffman, longtemps interdit en salle au Royaume-Uni en raison de la scène de viol qui ne figure pas dans le livre de Gordon Williams. Ce thriller sort pour la première fois en français, et c’est un événement. Si la tentation de comparer la lecture avec le film est grande, on risque d’en prendre pour son grade: outre l’écart majeur précité, Peckinpah s’est surtout concentré sur l’assaut du couple dans sa ferme isolée des Cornouailles et a supprimé de son adaptation la fille de George et Louise. Revenons-en à la source aujourd’hui traduite: soit un couple qui quitte les États-Unis pour ce coin d’Angleterre -monsieur est citoyen américain, madame souhaite revenir sur ses terres natales. L’ambiance au sein du couple est délétère en cette veille de Noël (blanc) qui ne peut pas débuter plus mal lorsque George renverse accidentellement un homme, Henry Niles. Ce sinistre pédophile vient de s’échapper lors d’un transfert à l’hôpital, quand au même moment, une fillette du village, Janice, disparaît dans la nature. Cinq villageois rustres et bien avinés débarquent alors dans la maison du couple pour “faire la fête” à Niles. Huis clos glaçant, tendu et paranoïaque, Les Chiens de paille est aussi une réflexion pertinente sur le phénomène de groupe lorsque celui-ci se transforme en horde sauvage.

De Gordon Williams, éditions Denoël, traduit de l’anglais par Frédéric Brument, 256 pages.

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