Ken le Survivant mérite son surnom. Il a traversé la vague manga qui a failli le noyer et revient, plus fort que jamais, sur grand écran, en DVD et sur papier.

Vingt-cinq ans et tous ses muscles. On l’avait un peu oublié, éclipsé par la déferlante manga de ces dernières années. Ken a survécu… et il est plus fort que jamais! Jugez-en plutôt. Une saga en cinq longs métrages, dont le premier est sorti dans les salles françaises le 14 mai dernier. La ressortie en DVD d’un précédent film datant de 1986, notamment. Le lifting complet de la série « papier » avec, cerise sur le gâteau, une nouvelle traduction chapeautée par les créateurs japonais chez Asuka (26 volumes). Dans l’archipel nippon, chaque personnage secondaire de la série Hokuto no Ken jouit d’une série propre. Difficile d’y échapper.

Tous les trentenaires « éduqués » devant le Club Dorothée se rappelleront de l’extrême violence de Ken le Survivant. Têtes qui se déforment et explosent, corps disloqués, violence perverse, tout concourait à nous traumatiser. Et pourtant, nous sommes là, équilibrés, prêts à un nouveau shoot! Peut-être le doublage français calamiteux a-t-il atténué la noirceur du propos. L’école martiale Hokuto devenait « Hokuto de cuisine », celle de Nanto, « Nanto de lapin ». Des jeux de mots devenus mythiques.

Sorte de Mad Max en version Bruce Lee – les deux influences revendiquées par le dessinateur, Tetsuo Hara -, Ken a le mutisme d’un Charles Bronson. Le scénariste Yoshiyuki Okamura ne s’est-il pas choisi comme pseudonyme « Buronson », en hommage au héros du Justicier dans la Ville? Mélange certes un peu lourd mais diablement efficace. Surtout au pays d’Hiroshima et de Nagasaki, où le traumatisme nucléaire a créé un terreau propice au genre post-apocalyptique. Cela explique le succès de la série originelle des années 80, qui a écoulé plus de 60 millions de livrets au Japon.

KEIJI, L’ANTI-KEN?

Ken le Survivant fut le premier grand succès de Tetsuo Hara. Son second best-seller, en cours de publication chez Sakka, mérite lui aussi le détour. Adapté d’un roman de Keiichirô Ryû, Keiji met en scène un kabuki mono, homme excentrique appréciant les vêtements voyants et refusant de vivre selon d’autres règles que les siennes. On est loin, ici, du monde post-nucléaire de Ken. Le contexte historique est solide, au point de multiplier parfois les notes de fin de volume. Keiji est un colosse atypique, à la fois sensible et invaincu au combat, fidèle aux chefs qui le méritent et impitoyable avec les traîtres et les lâches. Son Japon médiéval est pourri de luttes claniques, de man£uvres en sous-main et de ninjas sans morale. Keiji le traverse comme une étoile filante.

Difficile d’imaginer un univers plus opposé à celui de Ken le Survivant. Au premier coup d’£il, cependant, on reconnaît le trait de Tetsuo Hara et son amour des corps musculeux. Keiji et Ken sont clairement cousins, mais dans des espaces-temps complémentaires.

www.ken-lefilm.com www.sakka.info

VINCENT DEGREZ

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content