Le Goût des garçons

 » La préhistoire du sexe est une longue solitude, un monologue délirant qui cherche les applaudissements d’un public plongé dans la pénombre. » Sur une rive de la Méditerranée, dans une classe de 4e au collège Notre-Dame de l’Annonciation, la narratrice, 13 ans, se languit des garçons. Grands amoureux ou  » petits salopards« , aucun ne l’a pour l’heure dévorée du regard.  » Comment savoir si les plaisirs que mon corps peut procurer sont de la même nature que ceux que donnent les parfaites? Il faudrait, pour le savoir, assister à toutes les jouissances qui se donnaient en mon absence. » Chevauchant la ligne de démarcation de la puberté, ce brasier de révolte, la jeune fille appelle de tous ses voeux un désir incontrôlé qui l’arracherait à l’indifférence, au sommeil, à l’oubli. Pour ce faire, infiltrer le cercle des Dangereuses, Soumaya, Ingrid et leur bande.  » Il fallait leur ressembler: il y allait des garçons. » Née à Beyrouth en 1992, révélée par la revue Le Courage, Joy Majdalani embrase un premier roman brûlant, malaxant le terreau imaginaire des filles au début du millénaire, à la fois corseté par les interdits sociaux ou religieux et bousculé par le ressac d’une libération sexuelle éreintante. Entre souvenirs embarrassants et soririté capricieuse, Joy Majdalani croque le tourbillon de l’éveil au désir, sa violence.  » Nous nous consolions d’être dans le camp des infortunées qui n’avaient jamais sucé. » Leste, cru, précis, le souffle de ce premier roman mouillé d’acide signe une révélation.  » J’étais née pour exciter. »

De Joy Majdalani, éditions Grasset, 176 pages.

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