Critique

[Le film de la semaine] Long Shot (Séduis-moi si tu peux), irrésistible

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE ROMANTIQUE | Charlize Theron et Seth Rogen brillent dans une comédie doublant son agenda romantique d’une satire politique aiguisée. Décoiffant.

Journaliste d’investigation pour un support alternatif de Brooklyn, Fred Flarsky (Seth Rogen) tient l’intégrité pour vertu cardinale, le genre à infiltrer une réunion de suprématistes blancs en étant prêt à y payer de sa personne -jusqu’à se faire tatouer une svastika- comme prix d’un scoop définitif, sans égard pour les risques encourus ni les atteintes à son amour-propre. C’est dire si le jour où Parker Wembley (Andy Serkis), un magnat corrompu, rachète sa publication, le gaillard, bravache, n’a d’autre choix que de claquer sa démission. La suite s’égrènerait vraisemblablement tel un long chapelet de galères si son pote Lance (O’Shea Jackson Jr.) ne l’amenait à une party huppée où il avise bientôt Charlotte Field (Charlize Theron), secrétaire d’État s’apprêtant à se lancer dans la campagne à la présidentielle américaine.

Entre eux deux, il y a un gouffre et plus encore, mais aussi une complicité manifeste, la politicienne promise aux plus hautes fonctions n’étant autre que son ancienne baby-sitter. L’apparition surprise du reporter dépenaillé ravivant le souvenir d’une époque où ses idéaux n’avaient pas encore été passés au filtre de la realpolitik, elle va décider, contre toute attente et au mépris des mises en garde d’un entourage surtout préoccupé de lisser son image, d’engager le plumitif au verbe décapant pour rédiger ses discours…

Romcom et satire politique

On connaît la chanson: genre passablement éculé, la comédie romantique répond le plus souvent à des principes aussi prévisibles qu’immuables. De prime abord, Long Shot ne déroge pas à la règle, jouant à plein de l’attraction des contraires. Pourtant, le film de Jonathan Levine (50/50) en propose une déclinaison particulièrement inspirée, relevant son agenda sentimental d’une bonne dose de satire politique nourrie d’humour corrosif, à quoi les scénaristes Dan Sterling et Liz Hannah (à qui l’on devait déjà le script de The Post, de Steven Spielberg) ont ajouté une touche trash bienvenue, manière d’épicer si besoin le propos. Le résultat est hautement réjouissant, inépuisable machine à gags portant un regard acéré sur l’Amérique trumpienne, non sans, qualité assez rare pour être soulignée, maintenir son cap décoiffant sur la distance. Ce qui n’empêche pas, au demeurant, le film de respecter son cahier des charges romantique, Charlize Theron et Seth Rogen formant un duo idéalement complémentaire, et jouant leur partition décomplexée à l’unisson, la première confirmant au passage, après Tully ou Atomic Blonde, être à l’aise dans tous les registres; le second se montrant comme toujours imparable sous son apparente maladresse. Autant dire qu’il y a là une franche réussite, une romcom au pouvoir d’attraction l’air de rien irrésistible…

De Jonathan Levine. Avec Seth Rogen, Charlize Theron, O’Shea Jackson Jr. 2h. Sortie: 15/05. ****

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