Critique

[Le film de la semaine] Jackie, de Pablo Larraín

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

BIOPIC | Un mois à peine après son brillant Neruda, voilà que sort sur les écrans un autre (anti)biopic réalisé par Pablo Larraín, Jackie.

[Le film de la semaine] Jackie, de Pablo Larraín

Pour son premier film américain, le réalisateur chilien, auteur des formidables Post Mortem et No, s’attèle au portrait d’une nouvelle icône du XXe siècle, Jacqueline Kennedy (1929-1994), au lendemain de l’assassinat de son mari, John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas. Moins qu’au fait divers, présent en filigrane, c’est à la femme dévastée que s’intéresse le cinéaste, dont il tente d’approcher la personnalité à la faveur de l’interview qu’elle accordait à un journaliste du magazine Life (Billy Crudup) quelques jours après la tragédie. L’entreprise se révèle fascinante comme foisonnante, qui voit Jacqueline Bouvier (Natalie Portman) dévoiler des facettes changeantes, le désarroi qui l’assaille se muant en assurance froide aiguisée par sa conscience de l’héritage de son mari et de sa place dans l’Histoire, quitte à quelque peu remodeler celle-ci à sa main -en raccrochant le mythe des Kennedy à celui de Camelot, par exemple.

S’appuyant sur le remarquable scénario de Noah Oppenheim, justement primé à Venise, Pablo Larraín signe un film rien moins qu’impressionnant, qui ajoute à l’intelligence d’une narration sinueuse, la virtuosité de la mise en scène, jonglant avec les époques et les supports (mixant le Technicolor du moment à la reconstitution en noir et blanc et pellicule graineuse de la visite télévisée de la Maison Blanche qu’orchestrait la First Lady en 1962) comme avec les humeurs, jusqu’à happer le spectateur dans un tourbillon de réflexion(s) et d’émotions. Le tout, couronné par la prestation sur le fil du rasoir de Natalie Portman dont chaque intonation, geste ou regard zèbre de nuances innombrables ce portrait magistral d’une femme hors norme dont l’aura et le mystère devaient porter bien au-delà de son époque.

DE PABLO LARRAÍN. AVEC NATALIE PORTMAN, PETER SARSGAARD, BILLY CRUDUP. 1H40. SORTIE: 01/02. ****(*)

>> Lire également notre interview de Pablo Larraín.

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