Le Ferry

© éditions delcourt 2023/betaucourt, boüaert

Rock’n’roll et bande dessinée se sont toujours entendus comme cul et chemise. Par contre, rock’n roll et vie de famille, c’est une autre paire de manches. Pour Max, il n’y a pas de concession possible: la musique passe avant tout. Surtout depuis qu’en mars 1977, des potes lui ont fait écouter Never Mind the Bollocks des Sex Pistols. Bye bye les pattes d’eph et bonjour la crête! Il envoie péter son groupe de rock progressif et le voilà parti sur les chemins de la gloire. Mais dans la France du début des années 80, ça ne bouge pas fort: l’avenir se joue à Londres. Ni une, ni deux, il embarque sur un ferry, son 45 tours sous le bras, pour conquérir la capitale britannique. Il laisse derrière lui sa copine et sa bande qui n’ont pas voulu venir. Il reviendra dans six mois rechercher Alice, dit-il. Mais depuis, plus de nouvelles, et Alice vient d’accoucher… Que deviennent les rêves de jeunesse quand on arrive à l’âge adulte? Sur son lit d’hôpital, Alice et la bande ressassent les souvenirs. Sur fond musical -Farid, le batteur du groupe, n’a pas oublié d’apporter un ghetto-blaster et des cassettes-, tous se remémorent les bons moments comme les galères. Surtout la peur qu’inspirait Max. Sa détermination absolue confrontait les mecs à leur angoisse de s’engager. Le Ferry est une très chouette carte postale d’une France sous Giscard qui va bientôt virer à gauche. Une époque où l’Hexagone n’a pas encore inventé le rap en français et lorgne du côté du rock anglo-saxon, avec à chaque fois une longueur de retard. C’est aussi une réflexion sur les concessions que l’on est prêt à faire, sans vraiment répondre à la question… et ce n’est pas grave. Sous le dessin dynamique du Bruxellois Thierry Bouüaert se brosse le portrait d’une jeunesse désabusée en mal d’évasion.

© National

De Xavier Betaucourt et Thierry Bouüaert, éditions Delcourt, 112 pages.

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