Le Continent de la douceur

On a toujours envie de lire Aurélien Bellanger. Gourmand de sa curiosité intellectuelle hors norme, on s’interroge sur la teneur des romans à venir. Les résumer par contre… Prince mélancolique et play-boy cosmopolite, Jan von Karst rencontre sa future épouse Ida, l’une des reines de Wall Street. « Ils avaient une lointaine origine commune, un pays qui n’existait plus, mais qui, comme dans une vieille légende, pourrait peut-être réapparaître à chaque fois qu’ils seraient réunis. » Soit la principauté du Karst, anomalie géographique du côté de l’ex-Yougoslavie, où une banquière, un écrivain maudit et un clone de BHL enquêtent sur un mathématicien révolutionnaire. Pendant ce temps, Flavio, jeune homme abandonné au destin remarquable, s’éveille aux mythes de la construction européenne. Dans son premier roman, La Théorie de l’information, Bellanger croquait la France post-Minitel. Adoubé illico Houellebecq 2.0, il incarne sans rougir ni se démonter l’écrivain libéral parfait. Après la France ( L’Aménagement du territoire), le voici qui fond sur l’Europe, Atlantide inachevée. En 500 pages qui courent des années 80 aux années 2000, le lecteur averti glanera moments de bravoure, intuitions géniales et traits d’esprits dilués dans un long drink où mathématiciens, archanges technocratiques et fonctionnaires étincelants font de l’accrobranche. Des rêves de conquêtes chevillés à l’âme, du Bellanger pur jus, dans toute sa démesure: bulle spéculative, abstraction mathématique, théorème fantôme, un roman monstre à l’ambition dévorante.

D’Aurélien Bellanger, éditions Gallimard, 498 pages.

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