Le chanteur Rodolphe Burger s’essaie au concert en streaming payant

FocusVif.be Rédaction en ligne

Tous les ingrédients du concert sont là: les riffs de guitare, les jeux de lumière, la voix puissante. Tous sauf un: le public resté piégé derrière un écran. Samedi soir, le chanteur et guitariste alsacien Rodolphe Burger s’est essayé avec succès au streaming payant.

En temps normal, entendre des sons de batterie et de guitare électrique s’échapper d’une petite église perdue dans les couleurs automnales des Vosges serait déjà surprenant. En temps de confinement, c’est surréaliste. Pourtant l’ancien leader du groupe de rock Kat Onoma est bien en train de faire les balances pour donner un concert dans la chapelle de Saint-Pierre-sur-l’Hâte, monument historique bâti sur ses terres de Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin).

« Ça y est, je commence à stresser », lance le sexagénaire à l’allure imposante, quelques heures avant le début de sa première performance en livestream payant.

La démarche est encore rare en France. Mais pour une poignée d’artistes, c’est une manière de monnayer des prestations live sur les plateformes numériques. L’objectif est de donner le sentiment d’assister au concert face à la scène, grâce à une technique soignée.

« C’est hyper stressant, car on sait qu’il y a des gens qui vont écouter, c’est un rendez-vous réel, on peut se planter. Le danger qu’il y a dans le live est complètement là », explique Rodolphe Burger à l’AFP. Finalement, plus de 400 internautes ont acheté une place virtuelle pour ce concert. Bien plus de spectateurs que n’aurait pu en accueillir la petite église de Saint-Pierre-sur-l’Hâte.

Le chanteur Rodolphe Burger s'essaie au concert en streaming payant
© AFP

Le gratuit, « joli, mais désastreux »

Confiné au printemps avec son ingénieur du son dans sa ferme-studio alsacienne, le chanteur-compositeur, d’abord réticent, avait goûté au streaming avec un concert en direct sur la page Facebook d’Arte. Une performance retransmise gratuitement.

« C’est joli le gratuit, mais c’est désastreux pour les artistes, il faut que les gens le comprennent », assène celui qui a collaboré avec Jacques Higelin, Françoise Hardy, Alain Bashung, Rachid Taha ou encore Christophe.

Ainsi, quand les trois concerts qui étaient prévus ce week-end pour lancer la tournée de son sixième album solo « Environs » ont été tués dans l’oeuf par le reconfinement, Rodolphe Burger a décidé de maintenir les importants moyens de production mobilisés pour filmer l’un d’entre eux. A défaut de billetterie, c’est la vente d’un lien d’accès au streaming qui devait assurer les recettes.

« Là, on est un peu obligés de prendre des risques, il faut prendre des initiatives, essayer des trucs à tout prix, car si on attend que le système se remette en place comme il était avant, on attendra très longtemps », considère-t-il. Le chanteur parie même sur un développement du streaming payant au-delà du confinement pour donner une plus large audience à des événements musicaux uniques.

Le chanteur Rodolphe Burger s'essaie au concert en streaming payant
© AFP

Plusieurs formules

Retransmis sur la plateforme Dice, le premier prix a été fixé à 15 euros, bien moins qu’une vraie place. Pour 25 euros, il était aussi possible de télécharger le concert après sa retransmission et pour 50 euros, de recevoir également deux CDs dont un de titres inédits.

Dans une configuration intimiste, Rodolphe Burger, la contrebassiste et chanteuse Sarah Murcia et le batteur Christophe Calpini enchaînent les titres pendant une heure et demie, sous le regard de six caméras, dans l’atmosphère mystique de la chapelle, où les néons se mêlent aux cierges. Entre deux chansons, un court silence perturbant: les caméras n’applaudissent pas.

La musique prend toute la place, les paroles sont rares. « C’est toujours difficile de parler sur scène, a fortiori quand il n’y a pas de public », admet au micro l’artiste après les premiers morceaux.

Là « pour le plaisir de chanter », la comédienne Jeanne Balibar, invitée surprise du concert pour interpréter deux titres de son album « Paramour » réalisé en 2003 par Rodolphe Burger, estime que le spectacle vivant par écran interposé permet au moins aux gens « d’avoir accès aux arts qu’ils aiment malgré les circonstances actuelles », « même si c’est mieux avec du public ».

Après avoir remercié son public virtuel « super nombreux », dont il pourra ensuite voir les messages de soutien et autres émoticônes chaleureux envoyés en direct, Rodolphe Burger quitte la scène essoufflé mais soulagé d’avoir réussi son pari. « C’était spécial… mais c’était super. »

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