Johnny « Sex Pistols » Lydon explique que l’actuelle tournée come-back de PIL est rendue possible grâce au fric gagné par son apparition dans une pub TV pour le beurre anglais. God Save The Cow?
Par quel Johnny commencer? Johnny Lydon/Rotten ( pourri en Shakespeare) qui grandit en prolo dans le quartier Finsbury Park, aussi irlandais qu’une descente incontrôlée de Guinness? Le rouquin irradiant de l’esbroufe punk qui reprend à son compte le Search & Destroy d’Iggy Pop dans le Londres pré-Margaret Thatcher? Le glandeur apoplexique recruté dans les Pistols après avoir mimé une chanson d’Alice Cooper (…) devant le juke-box de la boutique de l’escroc Malcolm McLaren? Le provocateur se faisant taillader la gueule à l’été 1977 par des patriotes qui n’aiment pas son God Save The Queen ? Le branleur qui se mouche dans l’Union Jack? Le poseur arrogant que je croise le 1er janvier 1978 à un concert londonien des Ramones? Où, fan éperdu, je lui demande: » Quand tu viens en Belgique, Johnny? » Les Pistols ne viendront pas, comme prévu, au Théâtre 140 schaerbeekois, en mars 1978: ils implosent en janvier à San Francisco lors de l’ultime show d’une première tournée fiasco aux Etats-Unis. Par contre, 9 mois après ce concert avorté qu’on imagine déjà mythique – après tout, les Pistols ont changé au moins pendant 5 minutes la face vérolée du rock assoupi, Rotten vient bel et bien au 140 avec son nouveau groupe. PIL, Public Image Limited. Une bande de pseudo-délinquants post-juvéniles composée d’un ex-guitariste parano de Clash (Keith Levene), d’un bassiste doué, ami d’enfance potentiellement psychopathe (Jah Wobble) et d’un batteur grandiosement transparent (Jim Walker). Le 20 décembre 1978, cette fine équipe donne ses deux tout premiers concerts publics – le même soir – au 140. Bad vibes, défonce (ils réclament du speed aux organisateurs), chaos: le répertoire novo-dub de PIL appelle à l’émeute. Don Letts (pote de Lydon, DJ au légendaire Roxy, futur clippeur et cinéaste de Clash), garde du corps improvisé, déboule avenue Plasky avec une batte de base-ball face aux premiers rangs houleux. Charmant.
PIL rechargeable
Trente et un ans plus tard, les Pistols se sont reformés pour quelques manifestes tournées TC (tiroir-caisse) et PIL n’a jamais réussi à transformer l’essai artistique de ses inventifs disques de la période 1978-1979. Dix-sept ans après un dernier album studio, revoilà Johnny en tournée anglaise – du 15 au 23 décembre (1) – sans aucun des accompagnateurs originaux. » Ce qui m’a permis de faire cela », explique-t-il sur son site (2) » et je déteste à avoir à le dire, mais c’est l’argent ramené par le beurre Country Life: il a aidé à remettre l’entreprise PIL sur pied ». Le clip, tourné à l’automne 2008, montre 30 secondes de Lydon en costume pied-de-poule, agitant le drapeau anglais devant une Reine imaginaire, vantant la matière grasse british avec cette allure vinaigre qui est sa marque de fabrique. La campagne anglaise – coûtant 5 millions de livres – a boosté les ventes du beurre de 85 %! Si Lydon – né en janvier 1956 – peut ainsi jouer les alter-beurristes anglais, c’est quand même marrant de penser que c’est le fric cholestérol qui va lui permettre de gagner sa croûte musicale. Elvis, grand amateur de beurre de cacahuète, – n’a même pas daigné se retourner dans sa tombe…
(1) infos sur www.pilofficial.com
(2) http://www.pilofficial.com/info.html
DE PHILIPPE CORNET
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