L’anniversaire royal de dEUS

© Kris Dewitte
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Trois soirs de suite, dEUS a rempli le Cirque Royal avec un set pétaradant.

2014 a dû être une année éprouvante pour Tom Barman. Pas tellement pour la série de projets qu’il a pu enquiller, que pour le regard dans le rétro qu’il a été obligé d’effectuer – pas vraiment le genre préféré de la maison. Il y a 20 ans, dEUS sortait son premier album. Ce qui fut l’occasion ces derniers mois d’une nouvelle série d’articles rétrospectifs et le prétexte d’un deuxième best-of sorti à temps pour les fêtes de fin d’année, mélangeant toutes les « périodes » du groupe anversois. Ne manquait plus qu’un concert pour célébrer une fois pour toute l’anniversaire. Il y en a finalement eu trois, tous sold out, enchaînés tout le week-end au Cirque Royal bruxellois.

Dimanche soir, la dernière salve était même l’objet d’une captation télé. Ce qu’ont pu enregistrer les caméras ? Un vrai feu d’artifice. La première demi-heure notamment fut implacable. Un vrai rouleau compresseur qui a démarré avec le classique Via, pour enchaîner sans souffler avec The Architect, puis Constant Now. Par la suite, Eternal Woman a bien fait semblant de calmer les chevaux, sauf que juste derrière Instant Street a sonné de nouveau la charge : incontournable du répertoire des Anversois, ce morceau est un roc, un pic, un cap, que dis-je, une péninsule ! Quitte à devenir le temps d’un soir un groupe de répertoire, dEUS peut compter en l’occurrence sur l’un des plus solides qui soient…

Au Cirque Royal, dEUS est ainsi apparu comme une véritable machine de guerre, inarrêtable, laissant à peine le temps de respirer, enchaînant les uppercuts. Bien sûr, la setlist avait aussi prévu des moments plus posés : Wake Me Up Before I Sleep, l’émouvant Smokers Reflect ou l’inusable Little Arithmetics, par exemple. Mais ils ne furent qu’une parenthèse d’un concert qui a joué l’offensive.

L’ambition était claire : montrer que le temps n’a rien changé au potentiel remuant du band, n’a entamé ni sa faim ni son envie. Et que s’il y a un anniversaire à célébrer, et de la nostalgie à remuer, cela se fasse au moins avec fougue et énergie. Certes, dEUS version 2014 n’a pas la folie et le côté déstructuré de ses premières années. Son line-up a changé, et son incarnation actuelle est emmenée par des musiciens adultes qui en ont fait un navire-amiral aux rouages parfaitement huilés. Mais sans que cela n’empêche pas le panache. You got to be your own dog, insiste la voix de Scott McCloud sur Fell Off The Floor, Man. Vingt ans après sa naissance, dEUS mord toujours.

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