Critique | Cinéma

« L’Amour et les Forêts » : une subtile histoire d’emprise

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© National
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Titre - L'Amour et les Forêts

Genre - Drame

Réalisateur-trice - Valérie Donzelli

Casting - Avec Virginie Efira, Melvil Poupaud, Virginie Ledoyen.

Sortie - En salles le 7 juin 2023

Durée - 1 h 45

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Virginie Efira et Melvil Poupaud brillent dans le nouveau film de Valérie Donzelli, magistrale adaptation du roman d’éric Reinhardt sur l’emprise.

Autrice, au tournant des années 2010, de quelques films à la fantaisie rafraîchissante, Valérie Donzelli s’était plantée dans les grandes largeurs avec Marguerite et Julien, réalisé en 2015 au départ d’un scénario écrit par Jean Gruault pour François Truffaut, et proprement éreinté lors de sa présentation en compétition à Cannes. Huit ans, un long métrage n’ayant guère fait de vagues (Notre dame) et une série télévisée (Nona et ses filles) plus loin, L’Amour et les Forêts consacre le grand retour de la réalisatrice de La guerre est déclarée, qui adapte le roman éponyme d’Éric Reinhardt. Tout commence dans l’insouciance d’un été normand, lorsque Blanche (Virginie Efira) rencontre Grégoire (Melvil Poupaud). Il s’appelle Lamoureux, cela ne s’invente pas, a de l’esprit sans même parler du charme, si bien, elle le dira, que la voilà aussitôt “folle de lui”, et réciproquement d’ailleurs. Et de tout planter là -sa mère (Marie Rivière) comme sa sœur jumelle Rose (également incarnée par l’omniprésente Efira)- pour le suivre à Metz, où sa banque l’a muté, dans un élan aux accents enchantés à la Jacques Demy. Moment où, presque insensiblement, la mécanique irrésistible du bonheur commence à se dérégler, Blanche réalisant que Grégoire n’est peut-être pas celui qu’elle pensait. Et que l’onctuosité de l’amant prévenant et attentionné dissimulait un individu possessif, mû par une jalousie maladive

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Un thriller oppressant

Cette histoire, Valérie Donzelli et sa coscénariste, Audrey Diwan (L’Événement), ont choisi de la décliner au féminin, le film adoptant le point de vue de Blanche, et restituant la manière dont l’emprise a altéré sa perception du réel, mais aussi son combat pour s’en libérer, le drame psychologique se doublant d’un récit d’émancipation. Si L’Amour et les Forêts est sans conteste un film politique -“Il fallait un film électrochoc qui fasse qu’une fois la salle rallumée, des femmes décident de se soustraire à l’emprise de leur conjoint et de passer à l’offensive”, souligne Éric Reinhardt au sujet de l’adaptation-, c’est aussi une fiction poignante à laquelle la réalisatrice a imprimé la dynamique d’un thriller oppressant. Débutant en mode solaire, le récit s’enfonce ainsi dans la noirceur à mesure que la relation amoureuse se dégrade et que l’emprise s’y déploie, insidieuse d’abord, violente ensuite, qui semble devoir se refermer inexorablement sur sa victime. Un glissement que Valérie Donzelli met en scène avec finesse et intelligence, et une partition que Virginie Efira et Melvil Poupaud exécutent à la perfection, elle, incarnant avec force l’ambivalence des sentiments; lui, donnant à la séduction des contours glaçants. Grand film.

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