Avant le concert, sold out, de Fleet Foxes à l’AB, Robin Pecknold se livre à un entretien guidé par les Proverbes de Bruegel, l’ouvre qui orne la pochette de leur premier album.

Quand j’ai vu cette peinture pour la première fois, j’ai pensé à une jolie scène de village. Puis j’y ai regardé de plus près. Ma première impression m’avait trahi. Le monde est dans cette toile. » C’est en ces termes que Robin Pecknold, le chanteur des Fleet Foxes, parle de sa rencontre avec Les Proverbes flamands. îuvre de Bruegel l’Ancien (1559) choisie par son groupe, les très pastoraux Fleet Foxes, pour servir de pochette à son somptueux premier album.  » J’aime l’idée qu’on doive s’arrêter sur notre musique, y consacrer du temps pour pleinement l’apprécier« , poursuit le barbu de Seattle. Interview inspirée par le bon sens flamand…

1 Cela pousse hors de la fenêtre

(Ne pas pouvoir cacher quelque chose)

Qu’avez-vous du mal à dissimuler?

Je suis normalement quelqu’un d’assez discret qui ne sort pas énormément et je suis tous les jours amené à monter sur scène devant des centaines de personnes.

2 Jeter l’argent dans l’eau

(Jeter l’argent par les fenêtres)

Etes-vous économes? Avec quel argent avez-vous démarré?

ça va. Avant, je travaillais dans un restaurant de Seattle. Nous avons réussi à financer l’enregistrement de notre première démo avec de bas salaires, des pourboires et des cartes de crédit. Même si, je l’avoue, nous avons bénéficié de l’aide de nos parents et amis.

3 Quand un aveugle en guide un autre, ils tombent tous deux dans le fossé

(Quand l’incompétence est menée par l’incompétence, l’affaire doit mal tourner)

Qui vous a mis sur la voie de la réussite?

A mes yeux, le succès, c’est suivre ses désirs. Se laisser guider par ses choix et règles. Cela peut sembler égoïste à première vue mais la musique, je la fais avant tout pour moi. Elle n’a rien à voir avec l’argent, les ventes, le nombre de personnes qui assistent à nos concerts. Tous ne sont que symptômes. Phil Ek, qui a produit et mixé l’album, fut de bon conseil. Il nous a par exemple suggéré de ne pas succomber au chant des sirènes de la publicité et de ne pas nous lier pour trop longtemps à une maison de disques.

4 Souffler à l’oreille

(Mettre la puce à l’oreille)

Qui furent les premiers à manifester leur intérêt pour Fleet Foxes?

Pitchfork probablement. Avant qu’il écrive une jolie critique à notre sujet, personne ne savait vraiment qui nous étions. J’ai découvert beaucoup de groupes grâce à ce webzine. Il est assez déconcertant de voir comme on peut passer en quelques minutes de l’anonymat à la célébrité internationale. C’est un symbole de la globalisation. Si vous habitez dans un petit village de 300 personnes et que vous allez jouer un morceau au bar du coin, tout le monde saura qui vous êtes. Ce n’est finalement pas bien différent.

5 Pourquoi les oies marchent-elles pieds nus?

(Il doit y avoir une bonne raison)

Comment expliquez-vous l’attention dont vous faites l’objet?

Je ne sais pas trop. Nous n’avons jamais cherché comment vendre des disques ou essayé de composer une musique tendance. Nous faisons ce que nous aimons. Ce qui nous parle. De manière sincère. Justement, les gens nous aiment peut-être parce qu’il n’y a pas d’ironie chez les Fleet Foxes. Je me retrouve un peu chez des artistes comme Bon Iver et Grizzly Bear. Peu importe si nous nous ressemblons ou pas.

6 L’une met sur la quenouille ce que l’autre file

(Répandre des calomnies)

Quel est le plus grand mensonge que vous avez lu à votre sujet?

Sans doute que nous sommes des hippies. A mon avis, ça doit être dû à nos barbes. Puis, de ce que j’en ai vu, les Européens sont souvent rasés de frais. Le mouvement hippie était je pense aveugle. Aveugle au quotidien et aux réalités du monde. Malheureusement.

7 Il fait danser le monde sur son pouce.

(Tous lui obéissent à la baguette)

Qui dirige chez les Fleet Foxes?

Ma s£ur. Elle est en quelque sorte notre manager. Elle s’assure que tout tourne rond. Prend les décisions. J’aime travailler en famille. Je ne m’imagine pas fonctionner autrement. Mon frère d’ailleurs a réalisé notre premier clip. Un petit film d’animation en argile.

8 Baiser l’anneau

(Courber exagérément l’échine)

Quelles sont vos idoles?

Tom Waits. Je l’ai découvert grâce à un prof de sciences. Il l’écoutait en permanence. Sur le temps de midi, on allait manger dans sa classe. Tom Waits a suivi sa voie. Il a toujours fait ce que bon lui semblait sans hésiter à se mettre en danger. J’admire également Joseph Campbell. Un anthropologue américain qui a étudié les mythes. J’aime son approche intellectuelle des problèmes spirituels. Il a étudié la religion pour ce qu’elle est en la recontextualisant à travers l’histoire humaine.

9 Il pisse contre la lune

(Il exige l’impossible)

Quel est votre rêve le plus fou?

J’aimerais voyager dans le temps. Cela va peut-être vous sembler bizarre mais j’irais dans le futur. Pas dans quarante ans pour savoir comment j’aurai tourné. Dans 1 000 ans pour voir ce que le monde sera devenu.

En concert (complet) à l’ Ancienne Belgiquele 20/11. www.myspace.com/fleetfoxes

Rencontre Julien Broquet

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