Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Richardson ou la bravoure – Un triste oubli a fait pâlir la stature du remarquable cinéaste anglais. Trois de ses meilleurs films reviennent, en DVD, pour corriger cette injustice.

Avec Tom Courtenay, Michael Redgrave, Avis Bunnage.2 h. Dist.: Twin Pics. (1)

Avec Jeanne Moreau, Ettore Manni, Keith Skinner. 1 h 40. Dist.: Twin Pics. (2)

Avec Ann-Margret, Peter Firth, Michael Hordern. 1 h 35. Dist.: Twin Pics. (3)

On se souvient sans doute de son emballant Tom Jones (1963) et de sa flamboyante Charge de la brigade légère (1968), deux succès critiques et populaires à la mesure de son grand talent. Mais Tony Richardson signa bien d’autres films puissants, marqués par l’audace thématique et la bravoure formelle propre au natif de Shipley (Yorkshire), décédé à 63 ans seulement. A commencer bien sûr par La Solitude du coureur de fond, une des £uvres fondatrices de la nouvelle vague du cinéma anglais au tout début des années 60. Adapté d’une nouvelle d’Alan Sillitoe, le film prend pour personnage principal un jeune délinquant qui se retrouve enfermé dans un « borstal », une de ces maisons de redressement dont le système britannique eut longtemps le secret. Depuis l’enfance, Colin savait qu’il était bon de savoir courir vite et longtemps. Pour la beauté du sport, les sensations qu’il procure. Et aussi – surtout? – parce que cela donnait une bonne chance d’échapper à la police, en cas de besoin… Dans l’institution où il se retrouve enfermé avec d’autres jeunes difficiles, Colin verra très vite son talent athlétique repéré par le directeur. Ce dernier lui fera miroiter une libération précoce s’il gagne la course qui doit opposer les pensionnaires du centre aux élèves d’une école privée… Tom Courtenay est formidable dans le rôle central du jeune rebelle, face au directeur que campe Michael Redgrave, le père de Vanessa Redgrave, actrice que Richardson épousera la même année. On remarque aussi, brièvement, dans le rôle du jeune champion de course à pied représentant l’école rivale, la belle gueule de James Fox, qui fera carrière par la suite…

Cinéma radical Le DVD de La Solitude du coureur de fond se voit complété d’un bonus utile, où le chef-opérateur Walter Lassally revient sur les circonstances du tournage, l’utilisation d’une caméra d’actualité, le style libre et mobile adopté par Richardson. Le film exprime idéalement la radicalité qui pouvait animer le réalisateur. Une qualité qui se retrouve dans Mademoiselle (1966), £uvre sulfureuse écrite par Jean Genet et où Jeanne Moreau incarne une institutrice de village, vieille fille frustrée aux fantasmes cruels qui va causer la perte d’un beau bûcheron italien. Sur fond de tension sexuelle et de xénophobie, un film âpre, moralement dérangeant et visuellement superbe. Tout aussi chargé sexuellement, mais adoptant un angle nettement plus positif, Joseph Andrews (1977) adapte avec verve le roman picaresque de Henry Fielding. Quelle truculence dans ce récit à rebondissements, situé au XVIIIe siècle et prenant pour héros un jeune homme de misérable origine que ses parents ont confié à des nobles et qui grandira en beauté, suscitant le désir de plus d’une femme! Un spectacle animé, drôle et piquant, pour achever dans un rire libérateur une trilogie de DVD à savourer sans modération! l

Louis Danvers

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