Critique | Cinéma

Titina, petite chienne princesse des glaces

3,5 / 5
© National
3,5 / 5

Titre - Titina

Genre - Animation

Réalisateur-trice - Kajsa Næss

Sortie - En salle le 29 mars 2023

Durée - 1 h 30

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Inspiré d’une histoire vraie, ce beau film d’animation belgo-norvégien à l’élégance rétro envoie une chienne à la conquête du pôle Nord.

Réalisatrice norvégienne bien connue dans le circuit des courts métrages d’animation (elle est passée par les festivals d’Annecy, Clermont-Ferrand et Tribeca), Kajsa Næss s’inspire très librement, pour son premier long métrage, d’une tranche de vie insolite ayant nourri les exploits tardifs de son compatriote Roald Amundsen, légendaire explorateur qui a, entre autres folles aventures, participé à la fameuse expédition polaire du Belge Adrien de Gerlache de Gomery à la fin du XIXe siècle. En 1926, Amundsen survole en effet le pôle Nord en ballon dirigeable flanqué notamment de l’ingénieur aéronautique italien Umberto Nobile mais aussi, chose surprenante, de l’animal de compagnie de ce dernier, la chienne Titina, recueillie un peu plus tôt par celui-ci dans les rues de Rome.

Cherchant à adopter en quelque sorte le point de vue de cette innocente aventurière à quatre pattes, et s’autorisant donc une franche licence poétique (“D’après une histoire plus ou moins vraie”, nous annonce-t-on en préambule), le long métrage de Kajsa Næss démarre au crépuscule d’une vie en Italie, à la fin des années 70, avant de remonter le fil de cette histoire hors du commun observée à hauteur de canidé. “Titina est un film sur des petits sentiments dans un paysage immense”, se plaît à répéter la réalisatrice, qui procède par zooms et dézooms narratifs pour mieux mettre à distance l’héroïsme supposé des hommes et leur soif de conquête. Soit, pour le dire encore autrement, l’infiniment grand envisagé sous l’angle, tout aussi exaltant, de l’infiniment petit…

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La science des rêves

Se réclamant aussi bien de l’univers stylistique d’un Jacques Tati que de celui d’un Wes Anderson, Titina s’appuie sur une fondante animation 2D à l’ancienne, presque ligne claire, pour mieux échapper à la frénésie du tout-venant animé et se laisser dériver en pure apesanteur dans les décors immaculés du Grand Nord. Riche en instants suspendus, quasiment hors du temps, le film ose s’abandonner à des séquences de rêves et à la douce aspiration fantasmatique qui semble caractériser sa modeste héroïne, célébrité par procuration surnommée “la petite princesse des glaces”.

En résulte une réflexion assez étonnante sur l’ambition et la folie des hommes, à la narration parfois très flottante et au charme désuet d’une boule à neige scintillant de mille nuances. Objet hybride qui délaisse par endroits l’animation pour de véritables images d’archives, Titina a en partie été produit par Vivi Film, société de production belge, basée à Bruxelles, qui a notamment collaboré à des réussites aussi éclatantes que Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet (2003) et Brendan et le secret de Kells de Tomm Moore et Nora Twomey (2009).

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