Philippe Elhem
Philippe Elhem Journaliste jazz

JEF IS BACK – Différent de Nobody is illegal qui l’a propulsé au devant de la scène internationale, Soul in a Picture est de la même force. Jef Neve possède bien l’étoffe des grands.

Chez Universal.

Premier pianiste (de jazz) belge à connaître un succès quasi planétaire par la grâce d’un disque, l’original Nobody is illegal, Jef Neve vient de remettre le couvert, deux ans après. Soul in a Picture, loin de surfer sur le succès de son prédécesseur, en prend au contraire le contre-pied. Avec ce dernier, c’est à la discipline du trio que le pianiste se plie à nouveau. Rien de prémédité dans sa démarche cependant: Jef va là où l’inspiration l’entraîne. » J’avais envie d’un jazz plus acoustique. Au début, on ne voulait pas de souffleur du tout. C’est plus tard qu’il a été décidé d’ajouter des cuivres. »

Lorsqu’on lui demande si ses deux derniers albums ne relèveraient pas de l’autobiographie musicale, Jef Neve acquiesce vivement. » J’ai écrit les morceaux l’année dernière, une période où je cherchais à me ressourcer. A l’époque de Nobody is illegal , je vivais avec une personne engagée dans le mouvement pour les sans papiers et ça s’est reflété dans le disque. »

Quand on souligne qu’il est l’un des rares pianistes contemporains à composer le matériel qu’il interprète, il y voit une traduction de ses rêves d’enfant.  » Quand j’étais petit, je voulais être compositeur pas pianiste. D’ailleurs, ce qui me rend heureux actuellement, c’est le concerto que je suis en train d’écrire. Je dois le créer en mai 2009. » Quant à la vocalité de sa musique, elle est pour lui naturelle. « J’essaie de jouer comme on chante etmes improvisations relèvent d’abord du mélodique. Mais j’aime bien laisserTeun VerbruggenouPiet Verbiest instaurer des moments plus groove. »

improvisation libre

Reste la curiosité de l’album (réservée, semble-t-il, au seul Benelux): une improvisation libre qui figure sur un CD bonus.  » Elle durait une heure trente. On en a extrait un morceau de trente-sept minutes. Il n’y avait rien de prémédité, c’est venu comme ça. Le résultat nous a tellement satisfait qu’on a voulu l’inclure dans l’album. » Compte-t-il poursuivre l’expérience?  » Je trouve génial de le faire de temps en temps. Des tas de choses intéressantes peuvent sortir de ça. »

L’hommage rendu à Schubert ( Sehnsucht) témoigne de sa passion pour le romantisme allemand.  » Mes racines musicales se trouvent là, chez Schubert ou Brahms. » Ses influences jazz?  » Nombreuses. Si mon pianiste préféré reste Brad Mehldau, le musicien qui me fascine le plus aujourd’hui c’est Wayne Shorter. Le travail de déconstruction auquel il se livre sur sa musique est incroyable. » Après l’accueil critique reçu par son prédécesseur, ne craint-il pas de décevoir avec Soul in a Picture ?  » Je ne pense jamais à ça », lâche-t-il. Avant d’ajouter:  » Bon, allez, je suis quand même un peu curieux de lire ce qu’on va écrire dessus. »

PHILIPPE ELHEM

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