Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

De Michel Leydier, Éditions du Seuil, 340 pages.

Quoi qu’on en dise, Dutronc sur scène, cela reste un événement – il sera sur celle de Forest les 12 mars et 21 mai prochains. Pour le retour sur les planches du dandy, voici donc que sort la biographie de circonstance. Ou plutôt ressort, l’ouvrage ayant été édité pour la première fois en 2004. Depuis Dutronc ne s’est pas agité outre mesure: pas de nouveau disque, quelques films à peine… La présente édition a malgré tout été augmentée d’une vingtaine de pages. Elles complètent un exercice biographique qui ne manque pas de sel.

Cerner un personnage aussi fuyant que Dutronc tient de la gageure. Michel Leydier s’y est attelé et explique ainsi: « Même ses proches n’ont pas le droit de trop s’intéresser à lui. Il déteste par exemple qu’on lui pose des questions. » Peu pratique pour se lancer dans une telle aventure… Leydier s’en est pourtant admirablement sorti. Pour cela, il a passé pas mal de temps à apprivoiser l’animal, notamment en séjournant à de nombreuses reprises dans son repaire corse de Monticello. Et en partageant nombre de repas arrosés – la condition apparemment sine qua non pour entrer dans l’univers du gentleman-chanteur. Effet de contagion? La plume de Leydier est en tout cas volontiers épicurienne, même si du coup parfois un peu brouillonne dans ses agencements. Le biographe parvient néanmoins à remonter le puzzle Dutronc: sa jeunesse, ses débuts comme guitariste au sein d’El Toro et les Cyclones, sa (non-)complicité avec Lanzmann, sa relation avec Françoise Hardy, ses rôles au cinéma, son supposé don de voyance… Visiblement sous le charme, Leydier reste malgré tout assez lucide que pour livrer également les côtés plus troubles du personnage. Notamment dans ses relations aux autres. Jean-Marie Périer, par exemple:  » J’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde… C’est lui qui m’aura le plus séduit, le plus étonné, et je ne suis pas sûr qu’il le mérite. » Ou encore le pote des débuts, Kalafate, à propos de la cour qui l’entoure en permanence: « Jacques a toujours pensé qu’avoir des crétins autour de lui le valorisait. » Comme quoi, l’empathie avec son sujet n’empêche pas une certaine distance.

Laurent Hoebrechts

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