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Alors qu’il vient d’enterrer un des singes dont il avait la charge, IL (gardien animalier anonyme) assiste tour à tour au suicide d’une femme et à un contrôle d’expérience qui tourne mal pour un homme. Nous sommes ici dans une société dirigée par les enfants, créatures aux visages duplicables et désormais sans émotivité, qui ont érigé le silence en règle d’or. Lire et parler ont été interdits. Ces mini-tyrans en cohorte ont imposé à leurs semblables Magma, un système d’images continu délivrant des messages sous-jacents d’obéissance ou de mise en garde. IL, revenu chez lui, assiste à un spectacle étonnant dans sa cour intérieure: une femme lit à haute voix, et se met à rire. Il n’en faut pas plus pour qu’à son tour, il sente l’urgence de sortir du rang, en commençant par libérer l’ensemble des singes. Quel sort lui sera dévolu si les enfants le capturent? Trouvera-t-il d’autres signes de résistance en s’éloignant de la ville? Dans cette dystopie courte et glaçante, à l’ambiance hypnotique, Menéndez Salmón s’accroche aux viatiques (les livres, le rire) qui maintiennent debout et libres même quand les libertés fondamentales sont menacées. Après La Nuit féroce, il dote le mal de visages faussement candides et dévoyés par la technologie.

De Ricardo Menéndez Salmón, éditions do, traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu, 118 pages.

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