Critique

Heysel 1985: requiem pour une coupe finale

Malgré un montage parfois pesant et une voix off mal choisie, le documentaire de Lode Desmet nous replonge avec intérêt dans l’épisode le plus noir du football belge.

HEYSEL 1985: REQUIEM POUR UNE COUPE FINALE, DOCUMENTAIRE DE LODE DESMET. ***
Ce mardi 29 mai à 21h05 sur La Trois.

Voici 27 ans, la finale de la Coupe des Champions, qui opposait à Bruxelles la Juventus de Turin et le FC Liverpool, s’achevait dans une mare de désolation. Pas moins de 39 personnes perdirent la vie ce jour-là, dans des circonstances atroces. Le film retrace, heure après heure, le déroulement d’une journée aussi affreuse que mal maîtrisée par les autorités responsables… Ambiance électrique. Installés plusieurs heures avant le début du match dans un stade vétuste et hautement criminogène (de nombreuses pierres gisaient à disposition notamment), les supporters italiens et anglais finissent par en découdre. Ou plutôt, pour être précis, les hooligans de Liverpool décident d’envahir le bloc Z, supposé accueillir les spectateurs neutres: dans la panique, des milliers d’Italiens se pressent contre les barrières et murs d’enceinte, entassés comme des sardines, jusqu’à la mort. La gendarmerie, mal préparée, est dépassée. Les images sont terribles. Elles ont fait le tour du monde. Lode Desmet a retrouvé des rescapés qui, sur un site du Heysel largement repensé depuis, se remémorent cette journée printanière, chaude, et finalement meurtrière. Italiens et Anglais, témoins, proches de victimes, footballeurs, politiques, gendarmes: tous se repassent le film de ces interminables moments, images d’archive à l’appui.

Forcément, la réaction des pouvoirs organisateurs ouvre un autre volet de ce documentaire rétrospectif: comment, dans des circonstances aussi terrifiantes, le coup d’envoi du match a-t-il pu être donné? « Fallait-il renvoyer 60 000 supporters chez eux? », s’interroge un intervenant. Manifestement non. Parce que le show a continué. Et parce qu’en inscrivant le but de la victoire, le poing levé et la joie au coeur, Michel Platini a contribué à rendre le football plus cynique encore.

Guy Verstraeten

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