Heidi au printemps

De Marie Spénale, Éditions Delcourt, 120 pages.

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A priori destinée aux enfants, la chronique de cette bande dessinée n’a rien à faire dans ces pages. Sauf qu’elle aborde de manière frontale la sexualité et s’adresse en fait plutôt aux parents qui voudraient en parler à leur progéniture avant que la Toile ne s’en charge. Marie Spénale, auteure de livres pour enfants, fait avec cet album sa première entrée dans le monde de la BD en choisissant le personnage de Heidi pour nous conter un des moments fondateurs de notre existence. En guise d’introduction, elle nous rappelle la vie de la petite Suissesse, née dans un village de montagne, élevée par son grand-père et camarade de Clara, une fille riche et malade de la grande ville à laquelle elle a tenu compagnie. De retour à la montagne, elle se languit dans son chalet. Elle entretient une relation épistolaire avec Clara qui lui raconte ses premiers bals et ses nombreux soupirants. Heidi quant à elle lui parle de Peter, le voisin chevrier. Elle sent que son corps a changé, mais comment en parler avec un grand-père qui la voit toujours comme une petite fille? C’est de la vieille voisine, pas bégueule, que viendront les conseils pour partir à la conquête du beau blond qui, comme pas mal de garçons de cet âge, est un peu couillon. Marie Spénale décrit avec beaucoup de finesse l’émotion qui gagne les jeunes adolescents avides de découvertes, et comme il faut appeler un chat un chat, elle dessine de manière très explicite la première fois des deux amoureux. Il n’est en aucun cas ici question d’érotisme. Même si le sous-titre de cette chronique s’intitule « éducation sexuelle », ce n’est sans doute pas non plus le but de l’auteure car elle aborde également la complexité des sentiments ou encore le besoin d’émancipation face au parent incompréhensif. Saluons donc cette initiative courageuse -et réussie- qui, espérons-le, trouvera son public.

C.B.

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