Grizzly Bear, Arcade Fire: le Pukkel a mal à son indé…

© Wouter Van Vaerenbergh
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le flop magnifique de Grizzly Bear, la ducasse Arcade Fire, le muscle sec de Shellac et le carton de Kiasmos. Premières impressions limbourgeoises…

Superorganism

Leurs concerts ressemblent à une pub pour Benetton tournée par Jacques Demy (une histoire de chorégraphie et de parkas). A une partie de jeu vidéo qui aurait dérapé. Rois du collage kitsch, enfants de l’internet, hippies de l’ère Instagram, Superorganism est le rejeton des Avalanches, d’Architecture in Helsinki, d’MGMT et d’I’m from Barcelona. Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Corée du Sud… Groupe international adepte de la vie en communauté, Superorganism vit à Londres mais vient des quatre coins de la planète. Emmenés par une chanteuse de poche, mini punk au chant rappé nonchalant, les protégés du label Domino sentent le bricolage 2.0. Mario Bros dans les Parapluies de Cherbourg. Les Flaming Lips au zoo (entre chatons, hippopotames et fusées). Dommage que son côté brouillon et foutraque nuise à la qualité en live de ses chansons. Everybody want to be famous…

Shellac

Il a produit Nirvana, les Pixies et Jesus Lizard mais c’est dans un t-shirt Cocaine Piss que le légendaire Steve Albini est monté jeudi en début de soirée sur la scène du Pukkelpop. Allant même jusqu’à louer les talents du groupe liégeois dont il a enregistré l’album, The Dancer, dans son studio de Chicago l’Electrical Audio. Rock tendu, squelettique, atrophié… Shellac a le muscle sec. La nervosité rachitique et millimétrée. Trio qui n’a jamais coordonné ses sorties d’album avec les plannings de ses tournées, Shellac n’a plus pondu de disque depuis quatre ans mais reste toujours aussi pertinent. Le démontage de la batterie pendant que Todd Trainer matraque ses fûts a toujours autant de succès…

Grizzly Bear

C’est l’un des meilleurs concerts auquel on a pu assister de Grizzly Bear et il n’y avait pratiquement personne pour en profiter. Aux trois quart vide, le Marquee avait des allures bien tristes en début de soirée pendant la prestation cinq étoiles du groupe new-yorkais. Signe de l’époque, témoignage désespérant de l’état de la scène indé et du désintérêt total qu’il inspire à la jeune génération, le groupe d’Ed Droste et Daniel Rossen a dû se prendre une petite claque dans la gueule en voyant cet énorme chapiteau désert. La concurrence? James Holden excepté, pas très impressionnante. En attendant, de leur chef d’oeuvre Veckatimest à leur petit dernier, l’excellent Painted Ruins, les esthètes ont embarqué bien loin les quelques fans et curieux dans la place. La magie n’impressionne plus les foules…

Kiasmos

Quand le compositeur, musicien et producteur islandais Olafur Arnalds fait équipe avec le jeune Janus Rasmussen originaire des Iles Féroé, ça donne Kiasmos. Une intelligente machine à danser électronique et minimale. Signés sur le label Erased Tapes (Nils Frahm, Michael Price) moins connu pour faire se déhancher les foules que pour son goût du piano et du classique contemporain, les deux hommes ont renversé le Castello avec un set vibrant et malin. Simple et terriblement efficace.

Arcade Fire

L’an dernier, le quotidien The Globe and Mail révélait le désintérêt du public et les difficultés à remplir les salles rencontrées par Arcade Fire. « Cela fait trois jours que nous jouons devant des salles à moitié remplies. C’est une vraie joie pour nous de vous voir ce soir, avait même avoué Win Butler lors d’un concert à Vancouver… Sauveurs de l’indé devenu groupe de stade (qu’ils aiment faire chanter), les Canadiens se sont produit devant une plaine bien remplie mais sacrément apathique. Et si les tubes de Funeral (Power Out, Lies, Tunnels) font encore de l’effet et procurent un plaisir nostalgique, on a parfois l’impression d’être à la kermesse du village et de voir un vilain croisement entre Abba et Blondie.

Eppo Janssen and friends

Ce n’est pas la tête d’affiche du Pukkelpop… Ce nom ne vous dit même sans doute rien. Eppo Janssen est le principal programmateur du festival limbourgeois et avec ses amis, il a poussé des disques à une heure où on n’entend généralement plus que du gros beat qui tache. Thee Oh Sees, les Undertones, Plastic Bertrand… Il y avait du peuple dans le Castello pour retenir la nuit. Tout n’est peut-être pas perdu.

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